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Portugal: tempête politique après la démission de 2 ministres clés

Portugal: tempête politique après la démission de 2 ministres clés

Le gouvernement portugais traverse une grave crise politique après les démissions successives de deux ministres clés alors que sa politique d’austérité suscite des critiques de plus en plus vives sur fond de mécontentent social en forte hausse.

A peine 24 heures après la démission de l’architecte des mesures de rigueur, le ministre des Finances Vitor Gaspar, le ministre des Affaires étrangères Paulo Portas, qui lui avait succédé dans la hiérarchie gouvernementale au rang de numéro 2, a lui aussi jeté l’éponge.

Dans une déclaration à la nation le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a refusé cette démission en raison de « l’instabilité politique qu’elle entrainerait ».

Accepter le départ de M. Portas « reviendrait à balayer deux années de sacrifices », a souligné M. Passos Coelho dont le pays, en butte à une grave crise économique, bénéficie depuis mai 2011 d’un plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros.

Le Premier ministre a affirmé que lui-même ne démissionnerait pas. « Je n’abandonne pas le pays. Je travaillerai au service de mon pays avec le même engagement », a-t-il déclaré avec force.

Le départ de M. Portas, chef du petit parti conservateur CDS-PP, partenaire du Parti social-démocrate de M. Passos Coelho au sein de la coalition au pouvoir depuis 2011, a miné la stabilité du gouvernement.

L’alliance des deux partis permet en effet à la coalition de disposer d’une confortable majorité au Parlement, indispensable à l’application des mesures de rigueur exigées par les créanciers du Portugal en échange du plan d’aide internationale.

Le chef du gouvernement a précisé qu’il discuterait avec son partenaire de la coalition afin de surmonter la décision de M. Portas de renoncer à son poste, se déclarant très surpris par ce choix.

« Dans les prochaines heures, je chercherai à clarifier et assurer toutes les conditions pour surmonter cette crise », a dit le Premier ministre.

Depuis plusieurs mois, M. Portas était de plus en plus critique à l’égard de la politique d’austérité qui a contribué beaucoup plus que prévu à la contraction de l’économie et au chômage. En récession depuis deux ans, l’économie doit en effet reculer cette année de 2,3% tandis que le chômage doit atteindre le taux record de 18,2%.

M. Portas avait ainsi menacé récemment de rompre la coalition si un projet d’augmenter les impôts des retraités voyait le jour alors que le gouvernement a déjà procédé cette année à des hausses d’impôts sans précédent et prévu des coupes drastiques dans tous les budgets de fonctionnement des ministères.

M. Passos Coelho a clairement indiqué qu’il ne renoncerait pas à l’austérité en désignant au poste de ministre des Finances l’ancienne adjointe de M. Gaspar, Maria Luis Albuquerque, connue elle aussi pour sa fidélité à la rigueur budgétaire.

« Le Premier ministre a choisi de poursuivre sur la voie de la continuité au ministère des Finances. Je respecte ce choix mais je suis en désaccord », avait souligné M. Portas dans le communiqué annonçant sa démission.

Pour le gouvernement la situation est d’autant plus délicate que la « troïka » (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du pays, doit commencer le 15 juillet une nouvelle mission d’évaluation dont le plat de résistance doit être une réforme de l’Etat destinée à réaliser des économies de 4,7 milliards d’euros d’ici la fin de 2014. Le Premier ministre avait précisément chargé M. Portas de présenter cette réforme.

Profitant de l’instabilité politique et d’un mécontentement social en forte hausse, le Parti socialiste, principale formation de l’opposition, a renouvelé ses appels à des législatives anticipées.

« La situation est intolérable. Il faut rendre la parole au peuple », a dit le chef du PS, Antonio José Seguro, après l’intervention du Premier ministre.

M. Seguro qui a sollicité une rencontre « urgente » avec le président de la République, Anibal Cavaco Silva, pour réclamer des élections anticipées doit être reçu mercredi après-midi.

Arménio Carlos, secrétaire général de la CGTP, principale confédération syndicale du pays, a indiqué, de son côté, envisager de convoquer une manifestation samedi devant le palais présidentiel pour réclamer le départ du gouvernement et de la troïka, puis demander la convocation d’élections anticipées.

AFP/ Ibou Camara

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