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Catalogne: 1 à 2 millions de personnes pour fêter dans les rues la « Diada »

Entre 1 à 2 millions de Catalans sont sortis hier pour la « Diada », la journée nationale catalane. Par familles entières ou par groupes d’amis, ils confluent au centre de Barcelone avec un objectif: pouvoir exercer librement leur droit de voter, le 1er octobre prochain, pour ou contre la sécession de leur région, la Catalogne, malgré le déni de Madrid. «Independencia», «Votarem» (nous voterons), hurlent à tue-tête des centaines de milliers de gens portant des drapeaux jaunes et rouges. Au milieu de la foule, les Casamançais en habits traditionnels et en tam-tam sont venus de partout en Europe pour soutenir les Catalans.

Cette belle journée se caractérise par son caractère coloré, festif, familial, pour l’essentiel bon enfant. Des ballons multicolores, des drapeaux omniprésents, et une multitude uniformément vêtue d’un tee-shirt jaune fluo sur lequel on peut lire un «oui» décliné dans une quinzaine de langues. Oui au référendum et à l’indépendance, bien sûr.

A 17h14 précises, sur la Place de Catalunya, ces cris éparpillés deviennent une immense clameur collective. C’est le coup d’envoi de la «Diada», qui se célèbre chaque «onze septembre» et qui, ces dernières années, constitue en soi une revendication pour l’indépendance.

Pourquoi 17h14? Parce qu’en 1714 – le 11 septembre justement –, pendant la guerre de libération, les troupes venues de Madrid et favorables aux bourbons avaient massacré des milliers d’habitants de Barcelone. Pour une bonne les 7,5 millions de Catalans, cette date est un symbole, celui de l’oppression de la Castille (et par extension de l’Espagne) contre leur «pays».

A l’intersection de la rue Arago et du Paseo de Gracia, le cœur de la mobilisation retentit haut et fort d’orgueil identitaire. Portant une gigantesque «senyera estelada» (le drapeau indépendantiste) en compagnie d’autres militants, Jordi, 53 ans, pleure aux larmes: «Je veux et je sens que cela peut être notre ultime Diada. J’espère bien que l’an prochain, la Catalogne sera une République indépendante, libérée du joug espagnol.» Autour de lui, tous le souhaitent, le revendiquent, le clament.

« C’est le 11 septembre de la dernière chance », confie Lluis Torrente, 57 ans, médecin. « Nous avons tout essayé avec l’Espagne. Mais ils ne veulent pas parler, pas négocier. Il n’y a plus rien à faire avec eux. Nous avons atteint le point de non-retour et le peuple finira par l’emporter et mes enfants le vivront pleinement ».

Madrid gesticule en brandissant la menace même de porter devant la justice l’intégralité de l’exécutif séparatiste emmené par Carles Puigdemont, ainsi que la présidente du parlement autonome de Barcelone, Carme Forcadell. « Quelle folie ! Vous voyez comment ils pensent à Madrid. Nous parlons de vote, ils parlent de répression. Nous n’acceptons pas vivre avec des violents» dira Alfredo, un hôtelier de la ville.

« Regardez-nous tous, nous sommes un peuple pacifique, un peuple de dialogue et de modération. En face, nous avons un Etat qui nous maltraite, et ne nous respecte pas» affirme Manel Villar, un «payés» (agriculteur) du Bas-Llobrégat, près de Barcelone

«Maintenant, cela passe ou cela casse!», dit sur un ton déterminé Sandra Domenech, enseignante, venue avec ses deux filles et ses parents. «Je sais que Madrid parle constamment de légalité, mais nous avons quelque chose de plus précieux, qui est la légitimité. Une autorité en Europe va-t-elle permettre qu’on n’autorise pas un peuple à voter, alors que c’est l’essence même de la démocratie?»

Olga s’est déplacée du sud de la Catalogne, avec huit membres de sa famille, et tous l’approuvent en chœur. «Madrid nous asphyxie économiquement, se moque de nous politiquement, nous méprise culturellement. Depuis 2012, nous avons été constants. Désormais, si on veut avoir des chances d’être libres, il va nous falloir être encore plus déterminés.» A côté, son fils Davis, 19 ans, a le regard rêveur: «Si les autorités espagnoles commettent l’erreur de nous museler, alors nous avons nos chances d’y arriver.»

Pour les leaders indépendantistes, cette mobilisation est leur meilleur argument face à la légalité qu’incarne l’Etat espagnol. «Je suis la voix d’un peuple, personne ne peut la faire taire», a martelé hier Carles Puigdemont.

Ibou Camara

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