Casamance : La gendarmerie sénégalaise s’attaque aux étudiants et met le feu dans la forêt de Djibélor à Ziguinchor

Lundi 28 avril 2025, une nouvelle page sombre s’est écrite dans l’histoire de la Casamance. À Djibélor, dans la banlieu de Ziguinchor, les gendarmes sénégalais, censés protéger les citoyens, ont transformé une manifestation pacifique d’étudiants en une scène de chaos, provoquant un incendie dévastateur dans la forêt environnante. Leur arme ? Des grenades lacrymogènes, tirées sans discernement pour disperser des élèves du Centre national de formation des techniciens des eaux et forêts, chasse et parcs nationaux, qui ne demandaient qu’une chose : de meilleures conditions d’étude et un avenir professionnel digne.
Une révolte légitime, une répression brutale
Depuis deux semaines, les pensionnaires du centre de Djibélor sont en grève. Leur combat est simple et juste : ils exigent leur recrutement systématique dans la fonction publique, suspendu depuis 2021, et le reclassement de leur centre en école paramilitaire, à l’image d’autres corps de métier. Comme l’a souligné Blaise Diatta, président du Collectif des pensionnaires, « seuls 32 diplômés ont été recrutés en décembre dernier, laissant des centaines d’autres sans emploi, qu’ils aient intégré le centre par concours ou par formation payante ». Ces jeunes, formés pour protéger nos ressources naturelles, se retrouvent abandonnés par un État sénégalais qui semble sourd à leurs appels.
Le 14 avril, brassards rouges au cou, ils avaient déjà manifesté devant leur établissement, espérant attirer l’attention des autorités. Leur réponse ? Une répression brutale. Ce 28 avril, alors qu’ils tentaient à nouveau de faire entendre leur voix devant la direction du centre, les gendarmes ont chargé, dispersant la foule à coups de grenades lacrymogènes. Ces tirs, selon les grévistes, ont mis le feu à la forêt de Djibélor, une forêt qui abrite non seulement le centre, mais aussi un écosystème précieux pour la Casamance.
Les images diffusées sur les réseaux sociaux sont accablantes. On y voit des élèves, démunis, tenter désespérément d’éteindre les flammes avec des feuilles d’arbustes, pendant que la forêt s’embrase. Grâce au courage des populations locales de Djibélor et à l’intervention de quelques sapeurs-pompiers, l’incendie a été maîtrisé, évitant une catastrophe écologique. Ces héros anonymes méritent notre respect et notre gratitude. Sans leur bravoure, la forêt, poumon vert de la Casamance, aurait pu être réduite en cendres.
Mais l’indignité ne s’arrête pas là. Deux jeunes filles, élèves du centre, ont été arrêtées, humiliées et torturées par les gendarmes. Ces actes, indignes d’une force de l’ordre, sont une atteinte directe aux droits humains et une insulte à la jeunesse sénégalaise, qui ne demande qu’à contribuer au développement de son pays.
Un État sénégalais qui trahit la jeunesse de la Casamance ?
Comment en est-on arrivé là ? Comment un mouvement pacifique, porté par des étudiants formés pour protéger notre environnement, peut-il être réprimé avec une telle violence ? L’utilisation de grenades lacrymogènes, au mépris des conséquences écologiques et humaines, est non seulement irresponsable, mais criminelle. Les gendarmes, en mettant le feu à la forêt, ont non seulement trahi leur mission de protection, mais ont aussi mis en danger la vie des étudiants et des habitants de Djibélor.
L’État sénégalais doit répondre de ces actes. Les revendications des élèves de Djibélor ne sont pas des caprices : elles sont le cri d’une jeunesse laissée pour compte, formée à grands frais mais abandonnée à la sortie. Recruter ces diplômés, reclasser leur centre, leur offrir un avenir : ce ne sont pas des faveurs, mais des obligations. L’État sénégalais ne peut pas continuer à fermer les yeux sur cette injustice, ni à répondre par la violence à ceux qui osent réclamer leurs droits.
Un hommage aux héros de Djibélor
En ces heures sombres, il est de notre devoir de rendre hommage aux habitants de Djibélor, qui, sans moyens, ont risqué leur sécurité pour éteindre les flammes. Leur courage contraste avec la lâcheté d’une répression aveugle. À ces femmes et hommes, à ces sapeurs-pompiers qui ont lutté contre l’incendie, nous disons merci. Vous êtes la preuve que l’esprit de solidarité et de résistance vit encore au Sénégal.
Un appel à la libération immédiate des deux jeunes filles
Cet incident ne doit pas être balayé sous le tapis. Les populations de Ziguinchor exigent une enquête indépendante sur les agissements des gendarmes, ainsi que des sanctions contre les responsables de cette répression disproportionnée. Les deux étudiantes victimes de tortures méritent une libération immédiate, et les élèves de Djibélor méritent des réponses concrètes à leurs revendications.
À Djibélor, comme ailleurs dans toute la Casamance, la jeunesse a droit à un avenir. Et nous, citoyens, avons le devoir de la défendre.
Samsidine Badji (SAM)
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