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Casamance : commémoration à goût amer en Casamance et en France du 18ème anniversaire du naufrage du bateau « Le Joola »

Casamance : commémoration à goût amer en Casamance et en France du 18ème anniversaire du naufrage du bateau « Le Joola »

Ce 26 septembre 2020, cérémonie de commémoration du naufrage du « Joola » en 2002 reste d’un goût amer en Casamance et en France.

« Il y a eu trois naufrages, lance Alain Verschatse président de l’association des familles des victimes du Joola en France. Le premier est d’avoir laissé monter 2 000 passagers alors que la capacité maximale était de 550 personnes. Le deuxième, c’est que rien n’a été fait pour sauver les victimes : les premiers secours sont arrivés dix-huit heures après le drame. Le troisième, c’est le déni de justice que nous subissons en France. »

Depuis 2003, le père de Claire, 20 ans, décédée dans le naufrage, se rend comme les proches des 19 victimes françaises, de tribunal en tribunal afin de poursuivre les responsables de cette catastrophe.

Si l’affaire a été classée sans suite dès 2003 par le parquet sénégalais avec pour seul responsable le commandant de bord du Joola disparu avec son navire, en France la procédure s’est arrêtée. L’information judiciaire qui était ouverte avec les chefs d’« homicides involontaires par violation délibérée des règles de prudence ou de sécurité », « blessures involontaires par violation délibérée des règles de prudence ou de sécurité » et « non-assistance à personne en péril » est laissé au fond du tiroir.

En 2008, neuf mandats d’arrêt internationaux ont été délivrés à l’encontre de membres du gouvernement sénégalais, notamment l’ex-premier ministre sénégalais Mame Madior Boye et l’ex-ministre des forces armées Youba Sambou.

Le 26 septembre 2017, cérémonie de commémoration sur la place du Souvenir, à Dakar, du naufrage du « Le Joola » en 2002.

Mais, le 28 octobre 2014, les juges d’instruction français ont ordonné un non-lieu. L’association des familles des victimes du Joola y voit une décision politique visant l’atténuation des risques de crise diplomatique entre le Sénégal et la France. Nicolas Sarkozy, président à l’époque, avait remercié le juge Jean-Noël Wilfrid qui avait émis les mandats.

Amnésie ou banalisation ? Pourtant, le naufrage du navire britannique le Titanic a été moins meurtrier que celui du Le Joola, « si on en parle moins que le Titanic, c’est parce que c’est 2 000 victimes africaines alors on s’en fiche. Ici, on banalise », dira un responsable de l’association des victimes françaises.

Même colère du côté des proches des victimes sénégalaises. Idrissa Diallo, père de trois victimes et représentant du comité d’initiative pour l’érection du musée mémorial du Joola, évoque les dix-neuf violations aux règles régissant la tenue du navire, révélées par l’enquête française sur les causes techniques et les défaillances humaines. Sont en cause dans le rapport, « le chargement aberrant, l’effet inclinant du vent et du roulis, l’absence de fermeture des hublots », comme des « carences dans le dispositif des secours ». « Ce que je recherche c’est la vérité, clame-t-il. Aucune enquête judiciaire n’a été ouverte et dix-huit ans après le gouvernement sénégalais n’a toujours pas produit de liste officielle avec les noms des victimes».  Autre doléance, que l’épave soit renflouée. « Il y a encore au moins un millier de corps enfermés, poursuit-il. Le bateau a beaucoup de choses à raconter. Je pense qu’ils refusent de le sortir car c’est le corps du délit, celui qui révélera leurs mensonges, sur le nombre de victimes notamment. »

Au-delà des plus de 2000 morts, les victimes indirectes, les proches, principalement les orphelins que la catastrophe a laissés derrière elle sont plus de 1 900, selon Idrissa Diallo, dont seuls 800 ont été pris en charge par l’Etat comme pupilles de la nation : « Chaque famille reconnue par l’Etat a reçu 10 millions de francs CFA (15 250 euros) en indemnisation par le gouvernement d’Abdoulaye Wade, même si certaines ont refusé, jugeant qu’on ne remplace pas une vie humaine par de l’argent. » Mais de nombreux orphelins ont été laissés sur le carreau : ceux qui avaient 18 ans lors du naufrage n’ont pas été pris en charge. C’est le cas d’Eli Diatta qui a dû travailler très tôt pour aider sa mère après le décès de son père.

Selon l’association des victimes françaises soutenue par la Diaspora casamançaise :
« On ne veut plus que la justice française s’abrite derrière ses relations diplomatiques avec le Sénégal. La Françafrique, il faut bien qu’un jour ça s’arrête ! Les intérêts de la France à préserver on comprend, mais il y a eu 2 000 victimes ! Et peu importe le résultat de la cassation, nous continuerons notre combat, jusqu’à la commission européenne des droits de l’homme, en espérant qu’il n’y aura pas de relations diplomatiques France-Sénégal qui interféreront cette fois ».

Antoine Bampoky

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Commentaires (8)

  • Balla Moussa

    Au moment où le journaliste René Capain Bassène, le chargé de mission du Mfdc Ampoi Bodian et plusieurs jeunes villageois de Niaguis et de Toubacouta sont emprisonnés depuis 30 mois sans jugement, le peuple de Casamance n’a rien à attendre de la justice sénégalaise sur ce naufrage du bateau le Joola.
    De facto le Sénégal soutient la politique du fait accompli de l’envahisseur et occupant en Casamance, en Gambie et en Guinée Bissau. La justice sénégalaise n’est en réalité qu’un instrument de domination entre les mains de juges de Macky Sall pour servir leurs propres agendas égoïstes et n’utilisent leur « droit » que pour y aboutir. Comme des brigands, ils font le chantage aux autres pays pour leur soustraire le maximum de concessions en contrepartie d’une éventuelle protection, lorsqu’ils sont faibles.

  • Pedro

    Jusqu’à la fin des temps, la Casamance pleurera ses enfants.
    Reposez en Paix

  • Tapha

    Les vers sont dans le fruit. Il faut le jeter.
    Sans reconnaissance en Casamance, ces criminels et frustrés de politiciens veulent transférer leurs problèmes sur les patriotes nationalistes, indépendantistes démocrates casamançais. Que tous ceux qui sont pour le bien de la Casamance se donnent la main pour sauver ce qui peut l’être encore ! Pour couper l’herbe sous leurs pieds, cette fois-ci, à ces joueurs de poker, coutumiers du fait ! 60 ans avec le Sénégal, ça suffit !!!

  • Bapoulo

    Robert Sagna qui a conseillé Abdou Diouf et Wade dans les massacres en Casamance, Abdoulaye Baldé qui a fait bombardé le village de Youtou, Youba Sambou qui est un responsable du naufrage du Joola, ils font juste semblant. Ils se sont entendu sur tout avec le Sénégal. C’est leur mode de travail et c’est leur mode de gouvernance. Des traîtres !

  • MLOMP

    Je vous envoie ce commentaire, le cœur meurtrie. Et j’invite chaque casamançais à méditer sérieusement sur la question, tout en m’inclinant devant la mémoire de tous les disparus du bateau le Joola.
    Le village de Mlomp a perdu énormément de monde dans ce drame. Pour cause, une nouvelle mariée que beaucoup de personnes du village accompagnaient rejoindre son mari à Dakar. Hélas, elle ne reverra jamais son mari. Paix à son Âme. Emen!
    Et pourtant, le ministre des forces Armées de l’époque, Youba Sambou est bien un fils de Mlomp. Il a pourtant voyagé dans le bateau, pour se rendre compte que le bateau n’allait pas bien. Le bateau a eu des problèmes durant son voyage inaugural vers Ziguinchor.
    Mais qu’aurait-t-il pu faire d’autre? Rien, absolument rien. Pourquoi?
    Pouvait-il empêcher le bateau de reprendre la mer? Non, absolument non. Pourquoi?
    Nous casamançais, devront comprendre que dans ce Sénégal actuel, aucun Casamançais ne peut empêcher quoi que ce soit contre la volonté du Sénégal. Je dis bien aucun. Retournez-le dans tous les sens, mais nos soit disant représentants de la Casamance ne représentent absolument rien. Ils n’essayeront de défendre personne contre la volonté du Sénégal, ni ne s’opposeront à la volonté de l’administration sénégalaise en Casamance. Ceux ne sont que de simples figurants insignifiants pour Dakar. Le Sénégal a réussi ce qu’il voulait; c’est-à-dire dompter le Casamançais, le réduire à néant au point de ne même pas empêcher la mort de milliers de ses propres parents. Et honnêtement quel Casamançais peut dire le contraire? Retournez-le dans tous les sens, mais c’est notre triste réalité. Pouvons-nous changer la donne de notre gré? Personnellement, je ne crois pas. La seule carte qui nous reste pour sortir de cette emprise est la séparation avec le sénégalaise. Et je suis catégorique la dessus. Autrement ce sera des larmes sur larmes pour nous Casamançais.
    Longue vie à la Casamance!!!

    • Korka Diallo

      Tu as parfaitement raison. Il faut le dire maintenant plus que jamais la lutte pour l’INDEPENDANCE en version 2.0 a commencé. Que Dieu bénisse la Casamance et ses enfants.

  • Essamaye Bignona

    J’ai perdu quatre cousins, un oncle et une tante. J’ai consacré ce weekend pour des prières. Le Sénégal ne donnera JAMAIS justice aux victimes. L’injustice surtout contre les Casamançais est dans leur sang.

  • Zeus

    RIP>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

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