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Casamance : L’hôpital régional de Ziguinchor à l’agonie

Casamance : L’hôpital régional de Ziguinchor à l’agonie

À Ziguinchor, capitale d’une Casamance déjà meurtrie par des décennies d’oubli, un nouvel épisode de souffrance se joue, cette fois dans les couloirs humides — ou plutôt desséchés — de son hôpital régional. Une structure censée être un havre de guérison, devenue théâtre d’un scandale sanitaire aux allures de mépris d’État.

48 heures de grève. 28 revendications. Zéro réponse.

C’est le cri du cœur du Syndicat des travailleurs de la Santé (Syntras), section Ziguinchor, qui depuis des mois tente d’alerter sur la déliquescence de l’un des derniers remparts face à la maladie dans le sud du Sénégal. Depuis le 10 février 2025, un préavis de grève traîne sur le bureau de la direction de l’hôpital régional comme un fardeau ignoré. Quatre plans d’action ont été déposés. Aucun n’a reçu l’ombre d’une réponse.

Et pourtant, ce ne sont pas des demandes extravagantes. Il s’agit de droits humains élémentaires : de meilleures conditions de travail, des équipements de base, des ressources pour soigner dignement. Loin de Dakar, la santé semble peser bien peu dans la balance politique.

La Casamance pourtant gorgée d’eau, ce luxe est devenu rare dans ses hôpitaux

Comme si l’inaction ne suffisait pas, une pénurie d’eau s’est abattue sur la région depuis plus d’une semaine. Dans un hôpital, ce n’est pas une simple gêne, c’est une condamnation. Imaginez une maternité sans eau. Une salle d’opération sans hygiène. Des patients alités, abandonnés à la merci des bactéries.

Les agents hospitaliers n’ont que leur courage et leur système D pour tenter de limiter les dégâts. Certains accompagnants parcourent des kilomètres à pied pour ramener quelques bidons. La Sénégalaise des Eaux (SEN’EAU), elle, se réfugie derrière de vagues « travaux techniques ». Mais peut-on appeler « travaux » une politique de non-priorisation chronique du Sud ?

Casamance : terre de paix oubliée, ou zone à sacrifier ?

Ce qui se joue à Ziguinchor dépasse le cadre d’un simple hôpital. C’est l’écho amer d’une province colonisée et abandonnée, une fois de plus. La Casamance n’est pas seulement en marge géographique, elle est en marge politique, sanitaire, sociale.

Pourquoi la voix des soignants n’est-elle pas entendue ? Pourquoi faut-il que les blouses blanches se mettent en grève pour espérer un regard, une réponse ? Pourquoi faut-il une crise de l’eau pour que l’on daigne rappeler que les Casamançais aussi ont droit à la dignité ?

Devons-nous faire bloc pour ne plus laisser mourir en silence les patients. Ce combat dépasse les couleurs politiques, il touche à l’essentiel : le droit à la vie, à la santé, à la considération.

Des experts sénégalais ont estimé, dans des déclarations, que les agissements du nouveau gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, traduisaient une ingratitude et un profond déni de l’apport de la Casamance à leur pays, assurant que ces crises sont créées de toutes pièces par des incompétents.

Les autorités responsables de ces graves manquements doivent agir, maintenant, avec urgence et respect. Répondre aux revendications. Rétablir l’eau. Assurer un service minimum. Faire preuve, enfin, d’un minimum d’humanité. Car en Casamance ce ne sont pas seulement des tuyaux qui fuient. C’est la cohabitation Casamance – Sénégal qui se fissure encore de plus.

Samsidine Badji (SAM)

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