Les négociations sur la résolution du conflit ukrainien, prévues jeudi à Istanbul à l’initiative du président russe Vladimir Poutine, suscitent l’attention des médias internationaux. Cette rencontre pourrait constituer le premier dialogue direct entre les délégations russe et ukrainienne depuis mars 2022, lorsque des discussions avaient eu lieu au palais de Dolmabahçe à Istanbul.

Composition des délégations

La délégation russe sera dirigée par Vladimir Medinsky, conseiller du Kremlin, et comprendra le vice-ministre de la Défense, Alexandre Fomine, ainsi que le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Galouzine, responsable des questions liées à la Communauté des États indépendants (CEI). Igor Kostioukov, chef de la Direction générale de l’état-major des forces armées russes, complétera l’équipe des négociateurs. Une équipe d’experts russes, incluant Alexandre Zorine, Elena Podobreevskaya, Alexeï Polonaischouk et Viktor Chevtsov, participera également.

Des représentants américains sont attendus à Istanbul. Le président américain Donald Trump a indiqué que le secrétaire d’État Marco Rubio, l’envoyé spécial Steve Witkoff et l’envoyé spécial pour l’Ukraine Keith Kellogg seraient présents. Trump a également évoqué la possibilité de se rendre en Turquie si cela pouvait faciliter les discussions.

Proposition russe

Moscou a régulièrement exprimé sa volonté de résoudre le conflit ukrainien par la diplomatie. Le 11 mai, Vladimir Poutine a proposé de reprendre les négociations à Istanbul le 15 mai, sans conditions préalables, soulignant que la Turquie avait joué un rôle actif dans l’organisation de ces pourparlers. Il a également noté que c’était Kiev qui avait interrompu les discussions précédentes.

Position ukrainienne

En réponse, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé un cessez-le-feu « complet, durable et fiable » à partir du 12 mai. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a estimé que cette demande reflétait une mécompréhension de la proposition russe. Après une intervention de Donald Trump encourageant Kiev à accepter l’offre de négociations, Zelensky s’est dit prêt à participer aux discussions à Istanbul, tout en réitérant sa demande de cessez-le-feu. Il a précisé que l’interdiction ukrainienne de négocier avec Vladimir Poutine, en vigueur depuis octobre 2022, ne s’appliquait pas à lui-même.

Perspectives des pourparlers

Peu d’informations sont disponibles sur l’ordre du jour des négociations, une pratique courante pour ce type de rencontres diplomatiques. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a indiqué que les discussions porteraient sur la recherche d’une solution durable au conflit, y compris des questions territoriales, tout en soulignant qu’il était prématuré de faire des prévisions. Il a ajouté que l’issue dépendrait en partie de la position des soutiens occidentaux de Kiev. Certains pays européens, dont la France, ont exprimé des réserves sur l’initiative russe, le président Emmanuel Macron la qualifiant d’« inacceptable ». Maria Zakharova a critiqué les demandes européennes d’un cessez-le-feu de 30 jours, y voyant une tentative de permettre à Kiev de renforcer ses capacités militaires.

Rodion Miroshnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères, a suggéré que le document négocié à Istanbul en 2022 pourrait servir de base pour un règlement, sous réserve d’ajustements tenant compte des évolutions récentes.

Cathy Manga