José « Pepe » Mujica, ancien président de l’Uruguay, est décédé mardi à l’âge de 89 ans. Ancien guérillero devenu chef d’État, il fut une figure emblématique de la gauche en Amérique latine et un ardent critique du consumérisme.

L’annonce de son décès a été faite par le président uruguayen Yamandu Orsi, qui a exprimé sa « profonde douleur » sur le réseau social X. En hommage à l’ancien dirigeant, trois jours de deuil national ont été décrétés et une veillée funèbre est prévue au Palais législatif de Montevideo.

José Mujica avait révélé plus tôt en 2024 que le cancer de l’œsophage dont il souffrait s’était aggravé, ne lui permettant plus de suivre un traitement. « Clairement, je suis en train de mourir. Le guerrier a droit à son repos », avait-il confié.

Surnommé « le président le plus pauvre du monde » en raison de son choix de reverser la majeure partie de son salaire à des programmes sociaux et de continuer à vivre dans sa ferme en périphérie de Montevideo, Mujica a marqué la vie politique uruguayenne par son style atypique, son franc-parler et ses positions progressistes.

Militant au sein du Frente Amplio, coalition de gauche arrivée au pouvoir en 2005, il est resté actif politiquement jusqu’à la fin, soutenant notamment la candidature de Yamandu Orsi lors de l’élection présidentielle de novembre 2024.

Son décès a suscité de nombreuses réactions en Uruguay et à l’étranger. Des citoyens se sont rassemblés spontanément pour lui rendre hommage, partageant souvenirs et témoignages, oscillant entre émotion et reconnaissance. Plusieurs dirigeants latino-américains ont salué sa mémoire, dont les présidents Gustavo Petro (Colombie), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil), Claudia Sheinbaum (Mexique) et l’ancien président bolivien Evo Morales. En Europe, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et le responsable politique français Jean-Luc Mélenchon ont également exprimé leur respect envers l’ancien dirigeant.

José Mujica s’était fait connaître à l’échelle internationale par ses discours dénonçant le matérialisme et la surconsommation, notamment lors de la Conférence de l’ONU sur le développement durable à Rio en 2012, et à l’Assemblée générale des Nations unies l’année suivante.

Avant sa carrière politique, il fut l’un des fondateurs du Mouvement de libération nationale – Tupamaros, une guérilla urbaine d’extrême gauche active dans les années 1960 et 1970. Capturé en 1970, il passa plus d’une décennie en prison pendant la dictature militaire uruguayenne (1973-1985). Libéré en 1985, il participa à la fondation du Mouvement de participation populaire (MPP), composante importante du Frente Amplio.

Durant sa présidence (2010-2015), il initia plusieurs réformes progressistes, parmi lesquelles la légalisation du cannabis — une première mondiale en 2013 — ainsi que la légalisation de l’avortement et du mariage entre personnes de même sexe.

Figure atypique, José Mujica a marqué l’histoire contemporaine de l’Uruguay par son engagement, sa simplicité revendiquée et son attachement aux valeurs humanistes. Des membres du MPP ont préparé, mardi soir, des banderoles d’adieu portant le message : « hasta siempre ».

Ibou Camara