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Casamance : La Cour de cassation sénégalaise rejette le pourvoi du journaliste-investigateur René Capain Bassène

Casamance : La Cour de cassation sénégalaise rejette le pourvoi du journaliste-investigateur René Capain Bassène

La Cour de cassation sénégalaise a rejeté le pourvoi de René Capain Bassène, confirmant sa condamnation à perpétuité dans l’affaire de la tuerie de Boffa-Bayotte (2018), où 14 coupeurs de bois ont été tués en Casamance. Arrêté huit jours après les faits, ce journaliste d’investigation avait été condamné en 2022 pour complicité de meurtre et association de malfaiteurs, des accusations qu’il conteste fermement.

La décision de la Cour de cassation sénégalaise, rendue aujourd’hui, de confirmer la condamnation à perpétuité du journaliste d’investigation René Capain Bassène dans l’affaire de la tuerie de Boffa-Bayotte, est un coup de massue porté à la liberté de la presse et à l’État de droit. Cette sentence, entachée d’irrégularités et d’une possible instrumentalisation judiciaire, révèle une justice sénégalaise encore sous l’emprise des magistrats de l’ancien régime de Macky Sall et d’un État profond déterminé à museler les voix critiques.

Une condamnation controversée

En 2018, 14 coupeurs de bois sont assassinés dans la forêt de Boffa-Bayotte, en Casamance,  meurtrie par des décennies de conflit armée. Huit jours après les faits, René Capain Bassène, journaliste connu pour ses enquêtes courageuses, est arrêté et accusé de complicité de meurtre et d’association de malfaiteurs. Condamné à la prison à vie en première instance le 13 juin 2022, puis en appel le 27 juillet 2024, Bassène a vu son dernier espoir d’annulation de la peine s’évanouir aujourd’hui avec le rejet de son pourvoi en cassation.

Pourtant, les accusations contre Bassène reposent sur des bases fragiles. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans son rapport annuel publié le 16 janvier 2025, dénonce une procédure entachée d’irrégularités : témoignages obtenus sous la contrainte, preuves contestables, et absence de transparence dans l’enquête. Le CPJ va plus loin, affirmant que Bassène est ciblé pour son travail d’investigation, qui mettait en lumière les bénéficiaires du conflit en Casamance et préparait un livre explosif sur ce sujet.

Un journaliste sacrifié sur l’autel du silence

René Capain Bassène n’est pas un criminel. C’est un journaliste qui a osé poser des questions dérangeantes. Ses enquêtes sur les réseaux opaques qui profitent du chaos en Casamance – potentiellement impliquant des figures influentes de l’ancien régime – ont fait de lui une cible. En le condamnant à la perpétuité, la justice sénégalaise envoie un message clair : ceux qui osent révéler les vérités cachées seront réduits au silence.

Le fait que Bassène soit le seul condamné à une peine aussi lourde dans cette affaire soulève des questions troublantes. Pourquoi un journaliste, sans antécédents judiciaires, est-il traité comme un criminel endurci ? Pourquoi la Cour de cassation, censée garantir l’équité, a-t-elle entériné une condamnation aussi contestée ? La réponse réside peut-être dans l’influence persistante des magistrats loyaux à l’ancien président Macky Sall, dont le régime a souvent été accusé de manipuler la justice pour étouffer les critiques.

Une résistance par la grève de la faim

Face à cette injustice, René Capain Bassène refuse de se résigner. Informé de la décision de la Cour de cassation, il a annoncé son intention d’entamer une grève de la faim illimitée. « Je vais entrer en diète et que personne ne vienne me demander quoi que ce soit », a-t-il déclaré, selon des sources proches du dossier. Ce n’est pas la première fois que Bassène recourt à un tel acte de désespoir : le mois dernier, en plein Carême, il avait déjà cessé de s’alimenter, avant d’être convaincu d’arrêter par l’évêque de Ziguinchor, Mgr Jean-Baptiste Valter Manga.

Ce geste extrême est un cri d’alarme. Bassène ne lutte pas seulement pour sa liberté, mais pour la vérité et pour tous les journalistes sénégalais qui vivent sous la menace d’une justice instrumentalisée. Sa détermination doit interpeller la communauté internationale et les défenseurs des droits humains.

Une justice sous influence

La condamnation de Bassène n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte où la justice sénégalaise, malgré les promesses de réforme, reste gangrénée par les pratiques de l’ancien régime. Les magistrats proches de Macky Sall, toujours en place, continuent d’exercer une influence disproportionnée, transformant les tribunaux en outils de répression contre les voix dissidentes. Cet État profond, tapi dans les rouages du système judiciaire, menace les acquis démocratiques du Sénégal, un pays autrefois salué comme un modèle en Afrique de l’Ouest.

Le silence des autorités actuelles face à cette affaire est assourdissant. Si le gouvernement sénégalais aspire à restaurer la confiance dans ses institutions, il doit rouvrir le dossier Bassène, garantir une enquête indépendante et protéger la liberté de la presse, pilier essentiel de toute démocratie.

Un appel à l’action

L’emprisonnement à vie de René Capain Bassène est une atteinte à la liberté d’expression et un avertissement à tous les journalistes qui osent défier le pouvoir. Nous, journalistes, citoyens et défenseurs des droits humains, ne pouvons rester silencieux. Il est temps d’exiger la révision du procès de René Capain Bassène, avec une enquête indépendante sur les irrégularités dénoncées par le CPJ, appeler à la protection des journalistes, qui travaillent dans un climat de plus en plus hostile, presser les autorités à démanteler l’influence de l’ancien régime dans le système judiciaire.

La vérité ne peut être emprisonnée. René Capain Bassène doit être libéré, et son combat pour la justice et la transparence doit devenir le nôtre. À défaut, le Sénégal risque de perdre non seulement un journaliste courageux, mais aussi une partie de son âme démocratique.

Pour René. Pour la vérité. Pour la liberté.

ARDiallo

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Commentaires (8)

  • Essamaye Bignona

    je suis vraiment dévasté par ce jubeul, jubanti de diomaye, je suis écoeuré, un coeur brisé par l’injustice flagrante contre rené et plusieurs casamançais. Je veux dire à René , tu es le peitit-fils de la reine aline disso bassène, de djignabo bassène. Ne te laisse pas impressionner par ces minables. Tu as le sang de resistants et de fierté de tes racines. Quand on est dans le camp de la vérité on ne tremble jamais. Ensemble pour la libération de René.

  • Fouladou2

    Je soutiens absolument l’indépendance de la Casamance maintenant. Avec tout ce qui se passe après la victoire de Pastef, les choses deviennent pires. Je suis très déçu par Sonko et les députés de la Casamance. Ils ne servent pas nos intérêts. Voila la vérité. Libérez René Bassène, notre frère. Derrière toi jusqu’au bout.

  • Awagna2000

    La Cour suprême du Sénégal enterre la vérité sous le poids de la soumission à l’État profond de Macky Sall, toujours aussi actif malgré le départ officiel de son maître. Le pouvoir judiciaire, loin d’être indépendant, agit en bras armé des forces obscures d’un régime qui ne veut ni paix, ni vérité. La liste des prochaines victimes est connu : Ousmane Sonko, Guy Marius, les journalistes Babacar Touré, Pape Sané.

  • Kassoumaye1

    Ce n’est pas seulement le sort d’un journaliste qui se joue ici. C’est celui de la vérité, de la presse libre, de la démocratie sénégalaise. Aujourd’hui, c’est la justice sénégalaise elle-même qui a du sang sur les mains. Où sont les vrais criminels des Casamançais assassinés : Mariama Sagna, François Mancabou, Didier Badji, Fulbert Sambou, les victimes du bateau le Joola etc……. Y’en a marre !

  • Pedro

    Pauvre CASAMANCE sous la JUSTICE SENEGALAISE !!!! René est aujourd’hui un otage politique. Son cri de la LIBERTE ne doit pas mourir en cellule. Il faut le relayer, l’amplifier, le hurler. C’est pas possible que toute la CASAMANCE soit otage du Sénégal. Notre destin n’est plus avec le Sénégal. VIVE LA LIBERTE ET L’INDEPENDANCE DE LA CASAMANCE.

  • Kolda Nafoure

    Une justice aux ordres de Macky Sall ou de ses acolytes vient d’achever ce que les balles de Boffa-Bayotte avaient commencé : réduire au silence René Capain Bassène. Condamné à perpétuité sur des bases bancales, rejeté en cassation malgré des doutes profonds sur la procédure, René Capain Bassène n’est pas un meurtrier. Il est journaliste. Un journaliste qui faisait son travail : enquêter, fouiller, déranger. Il préparait un livre sur les vrais bénéficiaires du conflit en Casamance. Il est aujourd’hui enterré vivant pour avoir approché la vérité de trop près.

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