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Casamance : Un amour indéfectible : Réponse à Chérif Danso

Casamance : Un amour indéfectible : Réponse à Chérif Danso

Cher Chérif Danso,

Votre lettre, vibrant cri du cœur, résonne comme un hymne à la Casamance, cette terre riche de son histoire, de sa culture et de son peuple résilient. En tant que journaliste, je me fais l’écho de votre passion et de votre plaidoyer pour une Casamance libre, fière et unie. Votre texte, empreint d’émotion et de vérité, met en lumière une histoire trop souvent méconnue ou déformée. Permettez-moi d’appuyer votre sentiment et d’y apporter des arguments qui célèbrent l’amour indéfectible pour ce pays unique, tout en dénonçant les injustices qu’elle a subies.

Une terre d’identité et de résistance

La Casamance, avec ses paysages luxuriants, ses rivières sinueuses et sa mosaïque culturelle, est bien plus qu’une région géographique : elle est un symbole de résistance et d’identité. Vous évoquez avec justesse une tentative coloniale, d’abord européenne puis relayée par des dynamiques néocoloniales, visant à effacer l’âme casamançaise. Cette histoire rappelle effectivement les tragédies vécues par d’autres peuples, comme les Amérindiens, où des populations ont été marginalisées pour imposer un ordre exogène. Pourtant, comme vous le soulignez, le peuple casamançais a résisté avec une ténacité admirable. Cette résilience est ancrée dans une identité forte, portée par des langues, des traditions et une spiritualité plurielle – animisme, islam tolérant et christianisme – qui coexistent en harmonie, défiant les tentatives de division.

Une richesse culturelle menacée mais vivante

La Casamance est un joyau culturel de l’Afrique de l’Ouest. Ses traditions diolas, mandingues, peuls et autres, ses danses, ses musiques et ses rites sacrés sont autant de témoignages d’une richesse que nul ne peut réduire au silence. Vous dénoncez à juste titre les tentatives de « wolofisation » ou de standardisation culturelle imposées par des politiques centralisatrices. Ces pratiques, souvent masquées sous des discours d’unité nationale, ont cherché à éroder les particularités casamançaises. Mais la vitalité de nos langues, de nos bois sacrés et de nos pratiques spirituelles montre que la Casamance reste debout, fidèle à elle-même.

Les blessures d’une histoire douloureuse

Votre lettre rappelle les souffrances endurées : les exactions, les exils, les bombardements et les pertes humaines. Ces tragédies, qui ont poussé des milliers de Casamançais vers la Gambie, la Guinée-Bissau ou ailleurs, sont une pièce ouverte. Les chiffres exacts des victimes depuis 1960 sont difficiles à établir, mais les récits oraux et les témoignages, comme le vôtre, présagent la mémoire de ces drames.

Les chiffres d’une tragédie

  • Pertes humaines : Entre 1982 et 2025, le conflit casamançais aurait fait 20 000 à 50 000 morts , selon des ONG et des rapports indépendants. Les bombardements indiscriminés des années 1990 à nos jours, ont ciblé des civils, notamment dans les zones rurales de Basse-Casamance.
  • Réfugiés et exilés : Environ 60 000 à 80 000 Casamançais vivent en exil, principalement en Gambie et en Guinée-Bissau, selon les données du HCR (2023).
  • Destruction écologique : Les forêts casamançaises, notamment les bois sacrés, ont perdu 30 % de leur superficie depuis 1960, en partie à cause de l’exploitation illégale et des conflits, selon des études environnementales.

Violences sexuelles : Des témoignages recueillis par des associations locales font état de violations systématiques utilisées comme arme de guerre contre les femmes casamançaises, un crime trop souvent passé sous silence.

Cette douleur collective n’a fait que renforcer la détermination d’un peuple à se battre pour sa dignité et son autonomie. Vous parlez d’une « armée populaire » et d’un peuple comme général : c’est une image puissante qui illustre cette unité indéfectible face à l’adversité.

Une Casamance tournée vers l’avenir

Votre vision d’une « nouvelle Casamance post-coloniale » est inspirante. Elle incarne l’espoir d’une région qui, loin des chaînes du passé, se construit avec patience et détermination. La Casamance possède tous les atouts pour briller : des ressources naturelles abondantes, une agriculture fertile, un potentiel touristique immense et, surtout, un peuple uni par un amour profond pour sa terre. Cet amour, que vous exprimez si bien, est le moteur d’un avenir où la Casamance pourrait redevenir le « joyau de l’Afrique de l’Ouest », non pas comme une colonie ou une périphérie, mais comme une entité souveraine dans ses choix et son destin.

Un appel à la reconnaissance

Votre cri, « La Casamance est mon Amour et repartez comme vous êtes venus ! », est un appel à la justice et à la reconnaissance. Il invite à regarder la Casamance non pas comme une région à soumettre, mais comme une terre à respecter. En tant que journaliste, je m’engage à porter cette voix, à raconter l’histoire de la Casamance avec vérité et à dénoncer les narratifs qui cherchent à la réduire à une caricature. La Casamance mérite que son histoire soit entendue, que ses blessures soient reconnues et que ses aspirations soient respectées.

Chérif Danso, votre lettre est un testament de l’amour indéfectible d’un peuple pour sa terre. La Casamance, par sa résilience, sa beauté et son unité, continue de défier ceux qui cherchent à la diviser ou à l’effacer. Comme vous le dites si bien : Invicta Felix – invaincue et heureuse. Que cet amour pour la Casamance continue d’inspirer et de guider vers un avenir de paix et de liberté.

Avec respect et solidarité,

Pierre Coly

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