Un an après les violentes émeutes du 13 mai 2024, la Nouvelle-Calédonie peine à se relever. Le bilan humain (14 morts), économique (chute de 10 à 15 % du PIB, 500 entreprises détruites, jusqu’à 15 000 chômeurs) et institutionnel est lourd. Le conflit, déclenché par la réforme du corps électoral rejetée par les indépendantistes, a laissé l’archipel dans une situation de crise profonde.

Malgré les efforts du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, pour relancer le dialogue entre l’État, les indépendantistes et les non-indépendantistes, les négociations ont échoué début mai 2025. L’impasse politique, déjà ancienne, s’aggrave.

Trois grands paradoxes structurent la crise :

1. Indépendance rêvée, dépendance renforcée :
L’archipel, malgré une autonomie avancée, est malgré tout dépendant de la France, notamment financièrement. Plus de 3 milliards d’euros d’aide ont été mobilisés, mais la dette publique locale a explosé.

2. Indépendantistes majoritaires toujours influents :
Si les indépendantistes ont perdu quelques positions institutionnelles clés et ont parfois points de vue différents entre l’UC et l’UNI, leur poids démographique reste important, néanmoins ils gardent profondément leur stratégie commune.

3. Dialogue relancé, mais toujours bloqué :

La reprise des discussions, interrompues depuis quatre ans, a échoué à produire un accord. Manuel Valls n’a pu réitérer l’exploit des accords de Matignon de 1988. L’impasse alimente la défiance envers les responsables politiques.
L’avenir reste incertain, notamment avec l’organisation prévue des élections provinciales d’ici fin novembre 2025, sur fond de tensions persistantes et d’enjeux identitaires non résolus.

Ibou Camara