Afrique du Sud : Le président Cyril Ramaphosa attendu à Washington pour une visite diplomatique sous tension

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa est reçu ce mercredi à la Maison-Blanche par son homologue américain Donald Trump, dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre Pretoria et Washington. Cette rencontre s’inscrit dans un climat de défiance, alimenté notamment par les récentes décisions américaines sur la question des Afrikaners d’Afrique du Sud.
Depuis plusieurs mois, les relations bilatérales entre les États-Unis et l’Afrique du Sud se sont nettement dégradées. L’administration Trump a fait de la situation des fermiers blancs sud-africains une priorité de politique étrangère, évoquant à plusieurs reprises un supposé « génocide » en cours. En février dernier, Donald Trump a signé un décret présidentiel accordant aux Sud-Africains blancs un statut de réfugiés politiques, sans que des preuves étayées de persécutions systématiques ne soient fournies.
« C’est un génocide dont vous ne voulez pas parler. Il se passe quelque chose de terrible. Des agriculteurs sont tués », a déclaré Donald Trump lors de la promulgation du décret. À ce jour, 49 personnes relevant de ce statut ont été accueillies aux États-Unis.
Cette initiative a provoqué une vive réaction à Pretoria. Le président Ramaphosa a publiquement dénoncé la mesure, qualifiant les exilés de « lâches ». De son côté, le ministère sud-africain des Affaires étrangères a critiqué une démarche qu’il juge « ironique », soulignant que le groupe concerné — majoritairement composé d’Afrikaners — reste l’un des plus privilégiés économiquement du pays.
Les Afrikaners, qui représentent environ 2,5 millions de personnes sur une population sud-africaine de plus de 60 millions, sont principalement les descendants de colons européens installés au XVIIe siècle, notamment sous l’égide de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Bien que leur influence politique ait fortement diminué depuis la fin de l’apartheid, ils conservent un poids significatif dans certains secteurs agricoles et économiques.
Cette visite officielle vise à apaiser les tensions et relancer le dialogue bilatéral, alors que les deux pays coopèrent également sur des dossiers commerciaux, sécuritaires et climatiques. Selon des sources proches du dossier, Cyril Ramaphosa entend défendre la souveraineté de son pays face aux critiques américaines, tout en explorant des pistes de coopération plus constructives avec l’administration Trump.
Le déroulement et les résultats de cette rencontre pourraient avoir des répercussions durables sur l’image des deux présidents, ainsi que sur la relation historique, souvent ambivalente, entre les États-Unis et l’Afrique du Sud.
Saliou Cissé
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