Gambie : L’exploitation pétrolière gambienne par le Sénégal : une spoliation qui enflamme les tensions

La Gambie d’Adama Barrow est en ébullition. Les révélations explosives de l’ancien président Yahya Jammeh, en exil en Guinée équatoriale, ont jeté une lumière crue sur un scandale qui couve depuis longtemps : l’exploitation présumée du pétrole gambien par le Sénégal. Dans un enregistrement audio publié la semaine dernière, Jammeh accuse Dakar de piller illégalement les ressources pétrolières de son pays, attisant la colère des Gambiens et ravivant des tensions transfrontalières déjà palpables.
Sur les réseaux sociaux, la population gambienne, qu’elle soit sur place ou dans la diaspora, s’est emparée de l’affaire. Entre appels pressants à une clarification officielle et soupçons de manipulation par un ex-dirigeant connu pour ses déclarations tapageuses, l’opinion publique est divisée mais unanime sur un point : la Gambie ne peut pas rester passive face à une telle spoliation. « Le gouvernement doit dire la vérité ! Si le pétrole existe, il appartient aux Gambiens, pas au Sénégal », s’indigne un internaute sur X.
Un haut fonctionnaire gambien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a tenté de calmer le jeu auprès du journal The Point : « Le gouvernement publiera une déclaration pour clarifier les allégations de l’ancien président. Mais une chose est sûre : nous ne permettrons jamais que notre pétrole soit accaparé. Des études sont en cours, et oui, notre proximité géographique avec le Sénégal laisse entrevoir des perspectives pétrolières. Mais rien de concret n’a encore été découvert. » Des propos qui, loin de rassurer, soulignent l’opacité entourant cette question brûlante.
Les accusations de Jammeh ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Dans les marchés animés de Banjul, Serekunda et Birkama, la colère a éclaté au grand jour. Des heurts violents ont opposé des commerçants sénégalais à des populations gambiennes exaspérées, faisant plusieurs blessés. Ces affrontements traduisent un sentiment plus profond : celui d’un peuple qui se sent dépossédé de ses richesses par un voisin jugé trop gourmand.
Le Sénégal, dont l’industrie pétrolière est en plein essor, se retrouve pointé du doigt. Les formations géologiques partagées entre les deux pays laissent peu de doutes sur l’existence de réserves potentielles en Gambie. Mais à qui profiteront-elles ? Alors que Dakar avance à grands pas dans l’exploitation de ses propres gisements, Banjul semble à la traîne, englué dans des études préliminaires et des promesses vagues. Cette asymétrie alimente les soupçons d’une mainmise sénégalaise sur les ressources gambiennes, dans un silence complice des autorités.
Face à cette crise, le gouvernement gambien doit agir vite. Une déclaration officielle s’impose pour apaiser les tensions et réaffirmer la souveraineté du pays sur ses ressources. Car une chose est certaine : si le pétrole gambien existe, il ne saurait être bradé. La rue, elle, ne l’acceptera pas.
Balanta Mané
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