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Casamance : Interview de René Capain Bassène : « Une situation de ni guerre et de ni paix »

Casamance : Interview de René Capain Bassène : « Une situation de ni guerre et de ni paix »

Journaliste écrivain et observateur de la crise en Casamance, René Capain Bassène s’exprime :

– La guerre en Casamance est encore loin d’être terminée

L’accalmie notée sur le terrain découle du changement de stratégies opéré par les parties en conflit.

-Rien n’a bougé malgré les déclarations d’intentions renouvelées ça et là de la part des belligérants d’aller à la table de négociations.

– Le conflit a entamé la phase de « pourrissement ».

– Les acteurs de paix ou messieurs Casamance sont dans l’impasse totale

– Les populations ont besoin d’avoir une idée claire sur la gestion du processus de paix en Casamance afin qu’elles puissent donner leur opinion…

– Il est grand temps qu’on réfléchisse sur les voies et moyens d’arriver à une paix durable en Casamance. 

Voici la première partie de l’interview exclusive qu’il a acceptée d’accorder au Journal du Pays.

 René Capain Bassène,  pourquoi continuez- vous à dire que la Casamance est toujours en conflit malgré les grandes avancées vers un retour à la paix notées par tout le monde et qui sont matérialisées par la très forte accalmie qui  prévaut en Casamance au cours des dix dernières années.

 J’insiste et je persiste que le conflit en Casamance est encore loin de finir. Je crois avoir déjà dit que je ne qualifie pas d’accalmie la situation que traverse actuellement la Casamance. Il y a juste une baisse de la fréquence des hostilités constatée à partir de l’année 2000 et non à partir des dix dernières années comme vous l’avez dit. 

 Selon moi et en attendant d’avoir l’avis des spécialistes en gestion de conflit ou je ne sais quoi d’autres, les Casamançais sont entrain de vivre une situation très confuse de ni guerre ni paix, avec une alternance de silence des armes et d’affrontements signalés ça et là.

 Selon vous qu’est ce qui est à l’origine de cette accalmie ou si vous le voulez bien, qu’est ce qui a engendré cette baisse des hostilités comme vous le dites et que vous avez qualifié de période de ni paix ni guerre ?

 Je crois avoir donné mon avis à ce propos à plusieurs reprises, mais puisqu’on dit que la répétition est pédagogique, je vais encore tenter de vous répondre en commençant par lever l’équivoque sur les déclarations de certains acteurs qui tentent de faire croire à l’opinion, aux autorités sénégalaises et surtout aux bailleurs de fonds qu’ils auraient largement contribué en l’instauration de cette accalmie tant vantée, que le MFDC a accepté d’observer une période de trêve grâce à leurs démarches.

 Je précise en attendant d’être démenti qu’aucun acteur n’a été négocier cela au prés du MFDC. Il n’y a aucune preuve matérielle qui pourrait confirmer ces allégations. Sur quoi repose cette accalmie, quelles en sont les clauses ? Je ne comprends toujours pas la satisfaction qu’expriment certains acteurs quand ils font allusion à ce climat trop confus et que certains ont baptisé sous le nom d’accalmie.

 René Capain comment sommes nous alors arrivés à cette période de ni paix ni guerre pour reprendre vos propres termes ?

 Je vois que vous êtes pressés d’avoir ma réponse sur ce que je crois être les origines de l’accalmie. Bien ; la baisse notée des hostilités est liée selon moi de deux types de facteurs ; des facteurs directs et des facteurs indirects.

C’est intéressant ce que vous êtes entrain de dire ; pouvez vous entrer dans les détails de votre analyse ? Que voulez vous dire par facteurs directs et facteurs indirects ?

Il faut partir de l’historique de la crise pour comprendre comment est intervenu de façon assez soudaine le climat de ni paix et ni guerre que nous vivons en Casamance. A mon avis, la baisse des hostilités est indirectement engendrée par le changement de stratégies opéré aussi bien du coté de l’Etat que de celui du MFDC. 

S’il vous plait, soyez un peu plus claire Monsieur Bassène.

Rire ! Par changement de stratégie, je fais allusion aux différentes méthodes adoptées par l’Etat dans le cadre de la résolution du conflit et des différentes réactions du MFDC par rapport à ces démarches de l’Etat.

En en 1982 quand certains Casamançais ont décidé de marcher pour dire non à la soumission et au manque de considération dont elles se disaient victimes, les autorités basées à Dakar n’ont  pas été attentives à leurs revendications. En lieu et place de s’ouvrir au dialogue, l’Etat avait opté pour la répression : l’armée et les arrestations massives accompagnées de tortures pour dissuader les membres ou sympathisants du MFDC et dans le même temps chercher à tuer dans l’œuf  toute idée pouvant remettre en cause l’unité nationale.

Ainsi de 1982 à pratiquement 1990, l’Etat avait opté pour la répression parfois sanglante.

Il a fallu donc attendre jusqu’à vers fin 1990, pour que le gouvernement du Sénégal décide d’entreprendre des négociations avec le MFDC et qui ont aboutit à un des accords de paix parmi les plus éphémères signé le 31 mai 1991 à Bissau.

De 1983 date de la naissance d’Atika à 1990, l’armée était en position force car mieux armée, mieux entrainée et mieux organisée par rapport aux combattants en nombre assez limité, qui avaient pour arme d’assaut quelques vieux fusils automatiques mais surtout des flèches empoisonnées. Ils étaient pour la plupart de pauvres paysans avec zéro ou très peu de notions militaires et en majorité en âge assez avancé car il n’y avait pas beaucoup de jeunes dans le maquis en cette  période  là. 

Consciente que le rapport de force était en sa faveur, l’armée ne cessait de multiplier les attaques contraignant les combattants à une véritable vie de nomades à travers un changement de presque trimestriel de leurs bases dans le maquis.

Quelques exemples  de ce changement de cantonnement monsieur Bassène

Après l’affrontement du 18 décembre 1983, les personnes qui se croyaient ciblées sont allés se refugier entre Kandialang et Mandina Mancagne. C’était à l’époque une forêt, elles ont été découvertes et traquées, elles sont allées plus loin vers Bouhouyou et y créer une base le 19 janvier 1984. Ils ont été à nouveau traqués. Le 07 février 1984 ; ils ont été contraint à l’exode et se sont implantés à Bagame, en ce même endroit l’armée les a surpris le 29 mars 1983. L’exil à nouveau vers Bathiour où ils sont restés assez longtemps sans être découvert jusqu’au 27 décembre 1985. Invariablement l’exil s’imposait et les maquisards ont opté d’aller plus loin en quittant l’arrondissement de Nyassia pour migrer vers celui de Niaguis où ils se sont implantés à Labsinthe. Découverts, ils ont quitté le 15 janvier 1987 pour s’installer a Ntabtouck, il en était ainsi jusqu’à la création de la base de Djilolon ou Camp Bertrand. Fatigués ils sont allés se réfugier à Diakomoudou vers Kaguitte en 1989. D’où ils étaient contraints de quitter pour Baraka Mandjoka en 1992. 

J’ai tenu à préciser les dates exactes pour que vous puissiez avoir une idée  sur comment les premiers combattants étaient traqués. Vous voyez donc que pendant les huit premières années de la crise, l’armée était en position de force et parallèlement l’Etat ne voulait pas négocier.

Mais les données ont changés à partir de 1991. En effet à la suite des accords de paix de Bissau, le MFDC avec le dépôt des armes a profité pour opérer un recrutement massif de jeunes combattants ainsi qu’à leur formation militaire. Le mouvement pour la première fois s’est doté d’armes automatiques et autres engins de guerre tels que les mines etc.

Fort de son nouvel armement  Atika a décidé de faire face aux attaques de l’armée en essayant de faire changer la terreur de camp en s’attaquant à la position militaire qui était à Kaguitte en 1992 ; Bagame en 1993, celle de Babonda en 1995, Guidel 1996, Mandina Mancagne 1997, Thierno 1998, etc…

1990 à 1999, c’était la période chaude du conflit qui a réellement atteint son pic entre 1992 et 1997 et principalement entre 1992 et 1993 avec la nomination du Colonel Dieng comme gouverneur militaire de Ziguinchor. Le seul moment de vraie trêve a coïncidé ou a été imposé par la guerre en Guinée Bissau suite à la mutinerie d’une partie de l’armée favorable au « Brigadero » Ansoumane Mané contre ceux qui sont restés loyalistes à Nino Vierra pour les raisons que l’on connait.

Je précise qu’à partir de 1991, il y a eu plusieurs accords de paix signés mais qui n’ont pas tous fait long feu.

C’était la guerre avec son lot d’arrestations arbitraires, d’exécutions sommaires, de disparus, de braquages, de victimes par mines et surtout de la restriction stricte de la liberté de circulation de personnes et des biens.

En cette période là, je me souviens que si on voulait rallier Nyassia dans l’après-midi, il fallait se rendre au garage de Ziguinchor à 14h au plus tard. Au delà de 15 heures aucun véhicule ne quittait en destination d’Oussouye. Et c’était le cas pour plusieurs localités en Casamance.

Vous conviendrez que de nos jours on peut librement circuler même si selon votre raisonnement on est encore loin de la fin de la guerre.

On peut librement circuler  dans certaines localités et jusqu’à certaine heures et à certains niveaux parce que depuis 2000, il est noté la levée de certaines mesures sécuritaires et la cessation de certaines pratiques répressives.

  •  l’armée a changé de stratégie en diminuant les contrôles de cartes d’identité sur les routes, les fouilles systématiques et parfois humiliantes ou frustrantes exercées sur les passagers et sur leurs bagages , les arrestations et emprisonnement sans jugement préalable à l’endroit de toutes personnes supposée rebelle ou supposée être de connivence avec la rébellion,  les exécutions sommaires, les patrouilles et autres opérations de ratissages etc…
  • Conséquence logique, le MFDC ne se sentant plus traqué a de son coté adopté à peu prés le même comportement avec une baisse des braquages exercés le long des routes, des traques et assassinats contres ceux qui sont qualifiés d’ « espions pro sénégalais »  et surtout par une baisse des embuscades contre les patrouilles et les cantonnements de l’armée du fait qu’ils étaient à l’abris de tout effet surprise qui pourrait provenir suite à une patrouille de l’armée en direction de leurs bases où de certaines localités qu’ils fréquentent.
  •  Pas d’effets, pas de réactions ; Chacun est resté dans ses bases. Ainsi les combats ayant baissé en intensité, le MFDC s’est orienté vers d’autres activités pour assurer la survit de ses combattants.
  • les populations civiles principales victimes car placées entre le marteau et l’enclume ; cette population victime de toutes sortes d’exactions de la part des belligérants a commencé a retrouvé une vie quasi normale grâce à ce changement de stratégies.
  • mieux leurs bourreaux (armée et combattants du MFDC) se sont transformés en leurs amis en se présentant sous le manteau de  protecteurs sans l’objectif de regagner leur sympathie et leur collaboration.

Mais cela ne signifie pas encore une fois que nous sommes au début de la fin de la guerre car depuis 2000 les armes n’ont pas été réellement déposées et j’en veux pour exemple la prise d’otages militaires en 2012 par les éléments de Salif Sadio suite à affrontement avec les soldats en poste dans le cantonnement de Kabeum.

Je reconnais cependant et cela va de soit, que la baisse de l’intensité des combats couplée à la levée de certaines pratiques et mesures sécuritaires ont engendré un dégel qui ne signifie pas fin de la guerre, mais que je qualifie de climat propice pour entreprendre des pourparlers en faveur de la paix. Hélas !  Jusqu’à nos jours, il n’y a jamais eu de négociations dignes du nom.

Vous avez parlé du changement de stratégies des autorités sénégalaises dans la gestion du conflit casamançais comme le facteur direct ayant conduit à ce climat de ni paix ni guerre ;  quelle est ou quelles sont les facteurs indirectes ?

Les facteurs indirects découlent directement du changement de méthode de la part de l’Etat sénégalais qui est passé de la répression sanglante à l’ouverture aux négociations avec le MFDC. Une ouverture au dialogue qui Dieu merci est acceptée par le MFDC.

Dés lors, il serait contradictoire aussi bien pour le MFDC que pour l’Etat du Sénégal d’adopter un comportement va t-en guerre surtout que leurs déclarations d’intentions ont été fortement relayées par la presse au niveau international.

Aussi, il y a la forte aspiration des populations à la paix qui s’avère comme un poids sur la bascule et qui oblige en quelque sorte les belligérants à respecter leur parole. En effet  aucun d’entre les deux ne veut porter la responsabilité d’une éventuelle reprise des hostilités en Casamance.

Du coup en lieu et place des armes, les parties en conflit se sont orientées vers une bataille médiatique à travers des déclarations, discours et communiqués où chacun se prononce dans l’objectif de prendre à témoin l’opinion sur les agissements du camp adverse et qui pourraient aboutir à la reprise des armes et donc de la guerre pour être plus clair.

Et le plus souvent en cas d’affrontement, chaque camp essaye de se justifier auprès des populations (leurs anciennes victimes et sur qui ils avaient le droit de vie et de mort) en jetant l’opprobre sur son adversaire comme c’était le cas à la suite des derniers affrontements au niveau du parc de la basse Casamance puis à Emaye où chacun  a expliqué qu’il a réagi parce qu’il était en situation de légitime défense.

Une bataille de communication pour ne pas dire une cacophonie qui a fini par semer la confusion auprès de l’opinion qui jusqu’à nos jours ignore ce qui s’était réellement passé et qui ne cesse de se demander s’il s’agissait véritablement  d’une embuscade, d’un affrontement entre les deux belligérants ou tout simplement d’un incident comme l’ont déclaré certains acteurs.

Accalmie pour certains, atmosphère de ni paix ni guerre pour vous autre et avancées très significatives en direction de la paix pour les acteurs de paix. Qu’en est –il réellement ?

Je maintiens ma position que la Casamance depuis 2000 traverse un climat trop confus de ni paix et ni guerre aux sens propres de ces deux termes. Il ne faut pas qu’on raconte du faux aux populations. Depuis 2000, malgré ce que certains ont qualifié d’accalmie, il n’y a jamais eu de négociations sérieuses et sincères.

Attention monsieur Bassène, vous semblez oublier l’accord de paix du 30 décembre 2004.

Rire : ce qui s’est passé en 2004 est tout sauf un accord de paix. Comment peut –on signer un accord de paix sans négociations préalables. Je ne serai pas long dans ma réponse, je vous renvoie à mon livre sur l’abbé Diamacoune,  j’y ai consacré tout un chapitre sur la légèreté avec laquelle on gère des fois le conflit casamançais.

Cependant, j’aimerai que vous m’expliquiez pourquoi après un accord de paix tant médiatisé et signé, il y a eu les négociations de Foudiougne 1 puis celles programmées mais qui ont avortées de Foudiougne 2.  Que restait – il encore à négocier si on sait que l’accord du 30 décembre avait pris en charge toutes les préoccupations du MFDC.

En 2015, de l’argent est encore entrain d’être investi sans grand succès dans le cadre de la recherche de la paix.

Si la guerre était finie, pourquoi parle t – on encore de négociations avec Salif Sadio, avec César Atoute Badiate etc.

Avec René Capain Bassène, il faut retenir que malgré l’accalmie notée, la guerre est loin de finir en Casamance c’est bien cela ?

Oui, je maintiens mes propos au risque d’être incompris et de m’attirer les foudres de certains acteurs comme ça toujours été le cas… Je ne suis pas contre la fin de la guerre, je suis avide de paix. La crise a éclaté j’avais à peine trois ans, je suis à ma trente sixième année d’existence avec dix neuf ans de vie en qualité de déplacé dans la périphérie de la commune de Ziguinchor. Je ne souhaite pas que mes enfants connaissent ce même sort : celui de grandir sous la guerre.  C’est juste que je considère que je suis dans un débat ouvert. Une question qui m’est posée et j’en profite pour donner de manière objective et de bonne foi mes idées. 

Selon moi la guerre persiste toujours malgré le semblant d’accalmie noté sur le terrain. Pour preuve, j’invite les lecteurs à méditer sur les tous derniers communiqués de : Compass sur son refus d’accepter le retour de certains refugiés dans la  commune de Kaour, de César Atoute sur son refus d’accepter l’exploitation du Zircon ; la poursuite des opérations de déminage et la construction de pistes  et de Salif Sadio sur son opposition à l’exploitation du Zircon.

Tous ces trois chefs, malgré leur disposition à dialoguer et malgré leurs divergences, ont justifié leurs positions par le fait que la guerre n’est pas encore terminée. Vous voyez qu’au finish je n’ai rien inventé.

Dans le même ordre d’idée, je voudrai vous demander pourquoi malgré leur désir ardent et manifeste de retourner dans leurs villages, les populations (de Basséré, kadiéné, Babonda, Badem, Bagam, Ering, Bissine, Labsinthe, Singher Diola et Bainouck, Diakoumoundou  etc. car il y en a dans le nord Sindian aussi) ne peuvent- elles toujours pas regagner leurs localités ?  Qu’est ce qui les en empêchent si ce n’est autre que parce qu’il y a encore la guerre et qu’il y règne encore cette même insécurité qui les avait obligée à s’exiler ?

S’il y avait des avancées significatives pourquoi encore la présence des cantonnements militaires le long des routes principales, mais surtout de la frontières où certaines  positions sont très avancées dans la forêt ? Pourquoi les combattants du MFDC n’ont toujours pas retiré certains de leurs positions situées pas assez loin de certains villages ce qui par ailleurs justifie le refus de la construction de certaines pistes telle que celle de Siganar- Effoc -Youtou ? Pourquoi l’arrêt immédiat des opérations de déminages ?

Pourquoi à partir de 19 heures les voyageurs en provenance de Dakar ou d’ailleurs sont –ils contraints de passer la nuit dans leurs véhicules au niveau du poste militaire de Madina wandifa (carrefour Diaroumé), Pourquoi tous ces « check points » le long de la RN4 ; la RN6  et qui longent tout l’axe Bignona –Séléty  par exemple ?

Pourquoi rencontre-t-on des convois militaires lourdement armés en partance ou en provenance de certaines localités de la Casamance ? Pourquoi les combattants refusent – ils l’accès aux populations à certaines parties de leurs villages, comme c’est le cas à Emaye et aussi pourquoi Compass s’est –il opposé au retour des populations de Singher Diola et Bainounck dans leurs villages respectifs ?

Enfin s’il y a des avancées pourquoi, il y a-t-il  encore une pléthore de messieurs Casamance ?

Je veux comprendre et je ne comprendrai que lorsqu’à travers les réponses qui me seront servies, on m’explique que l’avancée significative dont il est question, c’est tous les éléments que j’ai soulevés dans mon questionnement.

A mon avis, il faudrait qu’on admette la réalité qui consiste à avouer avec honnêteté et sans exagération que la Casamance traverse une opaque période de ni paix ni guerre dont on ne maitrise ni les tenants et les aboutissants.

 Il est urgent qu’on s’évertue à réfléchir sur comment arriver à  de négociations sincères afin de parvenir à une paix durable en Casamance car le conflit est entrain de progressivement s’orienter vers une phase de « pourrissement » qui ne fera que compliquer sa résolution.

Je conclus en disant que contrairement à ceux qui disent qu’il y a des avancées, je soutiens que les choses ont stagnées et que même nous sommes entrain d’amorcer un recule. Cela malgré les déclarations d’intentions renouvelées en permanence de la part des belligérants d’aller à la table de négociations.

Les acteurs de paix ou messieurs Casamance ne me laisseront pas mentir car malgré leurs moyens, leur volonté et leur détermination de faire évoluer la situation, ils ne cessent de buter dans leurs stratégies sur des blocages qu’ils ont du mal à comprendre et à contourner.

L’effet « pourrissement » est entrain de rendre très complexe l’environnement si je peux m’exprimer et me faire comprendre ainsi.

C’est pourquoi face aux échecs répétitifs des différents accords de paix depuis 1991, face aux multiples blocages de nature divers, je crois que l’heure est arrivée de libéraliser les débats sur la crise en Casamance. L’heure a sonné pour les populations d’avoir la bonne information, de connaitre comment est géré le processus de paix et à quel niveau d’avancement il se situe.

Je suis de ceux qui croient que la solution finale au conflit en Casamance ne passera pas par les armes autrement, la guerre n’aura pas durée trente trois ans et continue encore et toujours à exister, mais qu’elle passera nécessairement et impérativement par un dialogue sincère.

Cela dit, le moment à mon avis est venu d’entamer une sérieuse réflexion à travers une « thématisation » des débats, un questionnement profond sur :

1-Qu’est ce qui a engendré le conflit ?

 2-Pourquoi le conflit persiste t-il toujours malgré les nombreux accords de paix et la disposition sans cesse renouvelée des belligérants d’aller à la table de négociations ?

3- Pourquoi malgré les gros efforts déployés sur les domaines économiques et sociales par l’Etat, la guerre perdure- t-elle toujours ?

 4-Pourquoi autant de blocages, et d’où proviennent t-ils.

 5- Pourquoi malgré leur ferme volonté de faire avancer les choses les acteurs de paix sont –ils dans l’impasse ?

 6- Existe –t’il réellement un processus de paix en Casamance ?

7- Qu’est ce qui retarde le démarrage du processus de paix pour ne pas dire des négociations ?

Bref, toute une série de questions parmi tant d’autres dont les réponses permettront à la population de comprendre ce qui se passe réellement en Casamance, et de pouvoir livrer son opinion. C’est un travail immense qui interpelle tout le monde et qui ne saurait être uniquement laissé aux groupuscules des messieurs Casamance.

Propos recueillis par Abdou Rahmane Diallo

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Commentaires (6)

  • alinou

    Merci ARD pour ton execellant travail au JDP et pour la casamance toute entière ainsi que les autres journalistes vous méritez le respect de tout casacais.
    Merci et mes respects et félicitations à l´organe qui a mis en place le JDP c´est Génial, intélligent et plus que nécessaire d´avoir comme arme de guerre au 21ème ce Journal, free casamance à youtube en plus ces échanges sur facebook.
    Que DIEU vous protège et bénisse tout comme nous tous.

    Bravo René pour ta compétence sur l´analyse de ce dossier.
    les casamancais sont avec toi DIEU est avec toi avant tout, restes sur ce bon chemin celui de la vérité et de l´information dans la véritée et la justice.

    « Je suis de ceux qui croient que la solution finale au conflit en Casamance ne passera pas par les armes autrement, la guerre n’aura pas durée trente trois ans et continue encore et toujours à exister, mais qu’elle passera nécessairement et impérativement par un dialogue sincère. » une véritée pure Capain parmi tant d´autres,

    j´espère que ce message arrivera chez nos combattants ou tout casamancais qui oubliera la Casamance et le sence de cette lutte pour en faire sa propre cause,
    une raison de se faire un Nom, de se propulser celà en marchant meme sur des cadavres et mourrants ou en éliminant tout autre vaillant fils et fille de la casamance qui parmis eux d´autres ont memes abandonnés bien-etre et prospérités ailleurs pour revenir lutter par amour et envie de libérer le pays , des vaillants enfants de la casamance qui aucune tortures encore moins ces longues odieuses emprisonnements dans les sales prisons sénégalaise loin de leurs pays n´ont point empecher la dertination et la continuation dans la lutte de libération .
    Et tout ca rien que pour des histoires de chefferie , d´égo et de positionnement.
    je me demande si ces gens luttent vraiment pour la casamance ou pour eux .

    Une guerre d´indépendance sans une bonne structure n´a pas de chance.
    La branche combattante qui a sa bonne raison d´etre avec toutes ses compétences, mais aussi une branche politique avec toutes ses compétences en cas de négociation sans oublier la branche civile le PEUPLE casacais bien intlligent et courageux qui a plus que compris et souffert de cette situation de ni paix ni guerre, d´humiliation , et de promesse mansongère.

    Unissons nous et arretons l´égoisme , calmons nos égos et remettons les pieds sur terre , on ne sera jamais plus grand ou au dessus de la casamance car elle n´appartient pas à une seule personne le contraire est vrai.
    Le Sénégal ne veux pas de paix en casamance c´est pourquoi il n´a aucun interet que ce peuple soit uni . Nous savons que l´unions fait la force
    Alors pour notre propre interet unissons nous et soyons mieux structuré pour qu´un jour soit libérée la Casamance par nos vaillants combattants unis , par des négociations avec une branche politique bien unie et compétente ou par le peuple uni derrière un grand OUI après une référendum .

    à bon entendeur!

    Vive la Casamance unie et libérée
    merci capain , merci JDP et bravo les fidèles commentateurs(trices) respects
    bonne continuation á tous , la lutte continue

  • samboune

    j’avoue avoir beaucoup d’estime pour RCB. j’ai beaucoup appris à travers ses ecrits. Il a contribué a eclairer beaucoup de choses. c’est dommage que jusqu’à present, je ne le connais pas encore physiquement. j’espere le voir et pouvoir un jour discuter avec lui.

    a regarder sa photo,je le trouve tres modeste et a lire ses ecrits, je le trouve courageux. Il a osé chercher et se prononcer sur un sujet qui était pratiquement taboue et qui était l’apanage de quelques individus. Il faut lire son second livre et vous comprendrez qu’il a fait un travail de recherche.

    de manière objective, il a dit des choses qui vont aider a mieux faire comprendre ce qui se passe en casamance.
    René capain merite des encouragements et que tout le monde doit veiller sur lui..
    Il est attaqué de tout bord et risque gros pour son engagement.
    j’attends vivement de lire la deuxieme partie de l’interview.
    merci au jdp.

  • kankouran

    LE COUCOU DE SAMBOUNE VIENT DE FRAPPER FORT AVEC SON DERNIER LIVRE ET AVEC CETTE INTERVIEW. QUE LA CASAMANCE LE PROTEGE.

  • Zeus

    Ayant lu les deux livres de Capain, et revu les interviews dans ce journal, je pense sincèrement voir en ce jeune homme un expert de grande culture historique de la Casamance et du conflit. Que Dieu te préserve parmi nous! Amen

  • CANADA

    Merci beaucoup RCP. Ton analyse est sans équivoque. NO COMMENT !!!!
    Par tes interviews et tes écrits, tu rends un service d’information capital aux peuples casamançais, sénégalais et à l’humanité toute entière. Car, le monde a besoin de savoir ce qui se passe dans ce conflit complexe, vieux de plus de 30 ans. On ne peut pas continuer à gérer ce problème de façon tabou, au profit de quelques privilégiés égarés ou mal intentionnés. Le peuple, principal victime de ce conflit, doit savoir la vérité. Car, le dernier mot doit lui revenir de plein DROIT pour construire une paix juste et durable.
    Nous espérons que tes détracteurs finiront par te rejoindre sur le droit chemin, pour le bien des populations et pour le repos en paix de toutes les victimes de cette guerre.

  • Awagna2000

    Merci R.C. B de rappeler à tous l’histoire, les faits, l’analyse et l’approche de solution.
    Un vrai travail de PRO.
    Merci JDP pour le relai à travers les chancelleries et les diplomates.
    Vive la Casamance indépendante

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