Malamine Goudiaby a perdu ses parents, un frère et un oncle, tués par des militaires sénégalais entre 2004 à 2008. Il a quitté son village pour vivre pense-t-il en paix à Néma Dioumaré.  Il ne cache pas sa colère en évoquant les images du cadavre de son voisin de champs de maniocs.

« Pourquoi ils l‘ont assassiné ?« , s’interroge impuissant ce jeune cultivateur de 29 ans. « Ce n’était pas un combattants du Mfdc (…) C’était une personne des plus humbles du monde et qui fournissait à chaque récolte une grande quantité de maniocs au village!« , ajoute-t-il lors d’une enquête menée sur les lieux par le Journal du Pays.

Mercredi, 21 avril 2021, une colonne de l’armée sénégalaise s’était repliée à Néma Dioumaré, dans la commune de Djibidione. Elle avait abandonné sa position après une riposte des éléments armés du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) suite à l’attaque du poste de Mongone dans la zone des Palmiers.

Se sentant poursuivis jusqu’à Néma Dioumaré, les militaires sénégalais tirent sur tout ce qui bouge, alors qu’aucun combattants du Mfdc n’est dans cette zone, affirment des populations. C’est ainsi qu’ils ont abattu un cultivateur dans son champ et abandonné son corps entre les plantations de tubercules de manioc.

Les populations de Djibidione accusent l’armée sénégalaise et réclament justice.

Depuis 1982, les soldats sénégalais auraient tué des milliers de villageois, fait disparaître de force des milliers de personnes et infligé des mauvais traitements à des détenus lors d’opérations qu’ils appellent dédaigneusement envers les Casamançais, de « sécurisation menées en Casamance », a déclaré un militant des droits de l’homme affilié à Human Rights Watch.

Samsidine Badji (SAM)