Une délégation du gouvernement du Sénégal a rencontré les 13 et 14 de ce mois en Italie, des représentants de Salif SADIO, le chef de ATIKA la branche armée du mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), avec comme objectifs de poser les jalons de négociations futures. Mais cette rencontre suscite déjà de profondes frustrations au sein de certains milieux du Mfdc qui s’offusquent du fait que l’Etat du Sénégal veuille négocier avec une seule tendance de leur mouvement divisé en plusieurs factions.
Un responsable du Groupe de Contact (une structure, créée par l’aile politique du mouvement à Ziguinchor) qui dit avoir appris la tenue de cette rencontre par la presse, indique que les initiateurs de cette rencontre se sont mal pris s’ils pensent qu’ils peuvent faire la paix, en Casamance, avec le seul Salif Sadio et son groupe.
« Certes Salif Sadio est très puissant sur le plan militaire et il est le plus radical aux yeux de l’opinion. C’est pourquoi l’Etat du Sénégal pense qu’il faut privilégier des discussions avec sa faction. Mais cela est une erreur monumentale parce que Salif Sadio n’est qu’une partie du Mfdc. Pour preuve, malgré sa puissance il ne peut pas, à lui tout seul, donner l’indépendance à la Casamance « , mentionne t-il.
Selon ce responsable, des contacts ont été pris avec les camps de César Atoute Badiate et Ousmane Niantantg Diatta, mais aucune de ces tendances n’a été associée à cette rencontre. L’ensemble des ailes politiques du Mfdc a été également ignoré par les initiateurs de la rencontre, fulmine t-il. Ce qui lui fait dire que cette tentative va échouer comme celles précédentes. La seule solution aujourd’hui pour poser des jalons solides susceptibles de mener à la paix, il faudrait d’abord contribuer à la tenue d’Assises inter-Mfdc qui permettront au mouvement de parler d’une seule voix et ainsi désigner une équipe qui va parler en son nom face au gouvernement du Sénégal.
« Si on ne passe pas par une telle procédure, le conflit va perdurer encore des décennies », relève t-il, soulignant qu’aujourd’hui il y a à craindre que cette rencontre n’amène certains factions de l’aile combattante de son mouvement à perpétrer des actes violents pour montrer qu’ils peuvent avoir une position radicale à l’image de celle de Salif Sadio qui fait que le gouvernement du Sénégal pense que c’est avec lui seul qu’il faut négocier la paix.  « On risque d’assister à une nouvelle effusion de sang. Les autres tendances du maquis qui n’ont pas été impliquées dans ce processus risquent de s’adonner à des actes de violence pour montrer qu’ils peuvent, eux aussi, être très radicaux comme Salif Sadio », confie t-il.
Des responsables proches de Kamougué Datta, ancien chef du front nord de Atika, soulignent qu’eux aussi ignorent tout de cette rencontre avant d’indiquer que cela n’augure pas de bonnes perspectives pour la paix en Casamance.  Pour l’instant, nous ne pouvons rien dire au sujet de cette rencontre car c’est par voie de presse que nous avons eu la nouvelle. Mais, cela ne peut pas amener la paix.
Diasporas.fr / Recueilli par Balanta Mané