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Abbé Augustin Diamacoune Senghor, homme de sagesse, de vérité et de paix

Abbé Augustin Diamacoune Senghor, homme de sagesse, de vérité et de paix

Six ans après la mort le 13 janvier 2007 d’Augustin Diamacoune Senghor, toute la Casamance se lève aujourd’hui pour saluer la mémoire du grand homme de sagesse, de vérité et de paix. Pour rendre hommage à « Papa Koulimpi » le nom fétiche de l’abbé Diamacoune, le Journal du Pays a choisi de publier en intégralité sa lettre du 14 juillet 1990 au Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Le contenu de cette lettre est édifiant sur la personnalité et sur l’engagement pour l’indépendace de la Casamance de l’auteur.
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Monsieur le Secrétaire Général,

Je m’appelle Augustin Diamacoune Senghor, je suis né le 04 Avril 1928 à Oussouye, en Casamance. J’ai été ordonné Prêtre le 04 Avril 1956 à Oussouye en Casamance.

Dans un premier temps, j’ai été arrêté le 23 Décembre 1982, mis sous mandat de dépôt le 25 Décembre 1982. Jugé les 5 et 6, et condamné le 13 Décembre 1983, pour atteinte à l’intégrité du Territoire National « sénégalais ».
J’ai purgé cinq ans d’emprisonnement et j’ai été libéré le 23 Décembre 1987.

Dans un second temps, je viens d’être arrêté le 14 Juin 1990 et mis sous mandat de dépôt le 18 Juin 1990. Toujours pour les mêmes motifs: atteinte à l’intégrité du Territoire National « Sénégalais ».

En réalité dans tout cela, le pouvoir sénégalais me reproche, et ne me pardonne pas, d’avoir toujours affirmé, soutenu et maintenu que les Casamançais qui veulent l’indépendance de la Casamance, sont dans leur droit, parce que le droit de la Casamance à l’indépendance est un droit réel, absolu, inaliénable, non négociable, imprescriptible.

Moi-même, je suis et milite pour l’indépendance de la Casamance, mais par la voie pacifique, juridique, politique et diplomatique. Le 25 Décembre 1980 et le 22 Avril 1981, j’avais écrit dans ce but, au Président Léopold Sédar Senghor. Pas de réponse écrite ou orale. Le 12 Mai 1982, toujours dans la recherche d’une solution pacifique du problème casamançais, j’ai écrit une longue lettre au  Président Abdou Diouf, aucune réponse écrite ou orale.

Du 15 Janvier 1980 jusqu’à ce jour, j’ai échappé à plus de seize tentatives d’assassinat. Quatre tueurs à gages y ont laissé leur vie, chacun à son jour. Voilà les seules réponses que j’aie eues avec les incarcérations. Le Sénégal ne veut pas émanciper la Casamance, Pays de Protectorat confié à l’Administration de la Colonie du Sénégal.

Nul n’est bon juge en sa propre cause. On ne pas être juge et partie. J’ai donc contesté, dans ce contentieux, la compétence du Sénégal seul qui, en aucun cas, n’acceptera jamais de perdre la Casamance. C’est pourquoi je me suis tournée vers la Puissance Colonisatrice pour mettre la France devant ses responsabilités politiques, historiques et morales envers la Casamance.
Dans ce sens:

– Du 23 Août 1983 au 4 Avril 1987, j’ai écrit six lettres à Monsieur le Président de la République Française.
– Du 09 Janvier 1983 au 4 Avril 1987, j’ai adressé dix lettres à Monsieur e Pouvoirl’Ambassadeur de France à Dakar.
– Enfin, toujour le 4 Avril 1987, j’ai lancé mon appel à Monsieur le Premier Ministre Français.

Ainsi donc ma démarche, ai-je touché le Pouvoir Français tout entier: la France de la Cohabitation.
Malheureusement, jusqu’à ce jour 14 Juillet 1990, je n’ai pas reçu une seule réponse, orale ou écrite, des Autorités Françaises. Priorité oblige.

La France, soucieuse de conserver son Point d’Appui de Dakar, grand pivot de sa politique africaine et mondiale, se drape pudiquement du manteau de la non-ingérence, oublie son bicentenaire de Grande Révolution et son 14 Juillet annuel, et, par son silence de sourd-muet, cautionne cyniquement cette guerre injuste, longue et meurtrière que mène le Sénégal en Casamance où, selon la Résistance Casamançaise, le Sénégal aurait déjà perdu plus de cinquante mille hommes sénégalais bien sûr, mais aussi des mercenaires recrutés dans plus de trente pays du monde entier.

Cette France des Droits de l’Homme, des Gens, des Peuples et des Nations, permet au Président Abdou Diouf de piller, de torturer et de tuer impunément en Casamance des innocents, des gens qui sont dans leur droit, des personnes dont le seul tort est d.avoir raison.

Les choses n’ont que trop duré. Sept ans de guerre! Les choses étant ce qu’elles sont, Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations- Unis, en mon nom personnel, au nom des cent milles manifestants Casamançais du 26 Décembre 1982, au nom de mes valeureux et glorieux ancêtres, au nom du Peuple Casamançais unanime, je vous prie de faire diligence auprès de la France et du Sénégal pour que, immédiatement, et sans condition aucune, définitivement, justice soit faite à la Casamance qui depuis 1645, a combattu et lutte encore pour son indépendance nationale contre le Portugal, contre la France, et maintenant plus que jamais contre le Sénégal.

En cas de refus de ces deux nations, ou de l’une d’elle de collaborer efficacement à la solution du problème Casamançais, mon Pays vous prie d’assumer pleinement toutes vos Responsabilités au niveau international pour que la Casamance recrouve immédiatement, et sans condition, tous ses droits, à commencer par son indépendance Nationale, pure et simple. Les chose ont atteint un point de non-retour.

Une fois souveraine, pas avant, la Casamance décidera, d’elle-même, de sa marche vers l’Unité Africaine.
Dans ma lettre du 12 Mai 1982 au Président Abdou Diouf, je lui avais dit:  » Votre Confédération Sénégambienne que vous menez tambour battant, cette confédération va capoter… Je ne croyais pas au mariage du loup et de la brebis… La véritable Confédération passe par l’émancipation de la Casamance. Cela donnerait un ensemble plus vrai, plus naturel, plus équilibré, et plus ouvert vers la Guinée. »

Mais le Président Abdou Diouf a préféré introduire en Casamance la violence et la guerre, élargissant et approfondissant ainsi un fossé déjà difficile à combler.

Maintenant il est trop tard. Donnez à la Casamance son Indépendance Nationale pure et simple, sans condition aucune. Le reste viendra un jour et à l’heure de Dieu.

En attendant, la Casamance vous remercie de tout ce que vous pourrez faire pour elle, et vous souhaite un plein succès dans cette noble mission qu’elle vous confie.

Dans l’espoir que vous daignerez faire à notre requête un accueil favorable, je vous prie d’agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l’humble et sincère expression de ma profonde et déférente gratitude.

Dakar, le 14 Juillet 1990

Augustin Diamacoune Senghor
Misssion Catholique
Boîte Postale 23
Ziguinchor
CASAMANCE

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