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« Casamance : récits d’un conflit oublié (1982-2014) », le nouveau livre de René Capain Bassène est paru à Paris

« Casamance : récits d’un conflit oublié (1982-2014) », le nouveau livre de René Capain Bassène est paru à Paris

René Capain Bassène se prononce sur la parution de son nouveau livre sur la crise en Casamance et qui est intitulé : «  Casamance : récits d’un conflit oublié (1982-2014) ».

Interview exclusive effectuée par le Journal du Pays.

René Capain BASSENE, vous êtes à nouveau l’auteur d’un second livre sur le conflit en Casamance. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous l’avez intitulé : « Casamance : récits d’un conflit oublié (1982-2014) ?

Casamance : parce que ce livre traite spécifiquement de la crise en Casamance.

Récits d’un conflit oublié : parce qu’à mon avis le conflit casamançais est l’un des conflits les moins médiatisés à travers le monde. Je ne connais pas l’Ukraine, la Corse, la Catalogne, la Colombie, l’Irak, le Mali  etc… mais grâce aux médias, j’ai eu une idée de la position géographique de ces différents pays ou localités et j’ai pris connaissance des raisons qui ont engendré ces différentes guerres, de leur évolution et des conséquences sur les populations civiles. Cela est loin d’être le cas pour le conflit en Casamance dont on en parle que très rarement à l’occasion d’un affrontement ou d’un braquage. Il n’y a jamais eu de débats sérieux  au niveau de la presse nationale et internationale sur cette question. Le comble est que beaucoup de sénégalais et parmi eux certaines populations vivant en Casamance ignorent beaucoup de choses de ce conflit qui est entrain de sévir dans notre propre territoire. Chacun y va de sa compréhension et de son ou ses commentaires. On entend selon les positions des uns et des autres tantôt d’aucuns parler de crise en Casamance, certains d’opération de maintien d’ordre en Casamance ou encore de guerre civile en Casamance etc…  Bref c’est en résumé un conflit oublié parce que bien qu’existant on n’en parle pas et on n’est pas en train efficacement de réfléchir à trouver des solutions durables de sorties de crise. A la limite c’est un sujet presque tabou, réservé à quelques « initiés ou spécialistes » qui sont réfractaires à toute information contradictoire à ce qu’ils véhiculent auprès des populations.

Votre livre est –il disponible ?

Oui, il est officiellement disponible depuis le 15 juin 2015 à Harmattan au niveau de Paris en attendant qu’il ne soit certainement vendu au Sénégal d’ici fin juin ou mi-juillet. On peut aussi l’acheter par le net.

D’où vous est venue l’idée de produire ce livre sur la crise.

J’ai explicité cela dans le livre : c’est assez long ; mais retenez seulement que le conflit m’a beaucoup marqué et je l’ai vécu de façon direct. Depuis tout petit, j’ai demandé et cherché à connaître le pourquoi de cette guerre. Cela depuis le jour où mon propre papa a été arrêté et déshabillé devant moi. Je n’oublierai jamais cette image. Les militaires l’avaient traité de rebelle alors qu’il ne s’est jamais ni de près ni de loin mêlé à ce conflit.

Je suivais tout ce qui était lié à ce conflit. Après mon Bac, j’ai demandé à être orienté au département d’histoire de l’université Cheick Anta Diop de Dakar. Je croyais pouvoir y trouver des documents qui parlent de manière explicite sur le conflit en Casamance.

 Arrivé en licence, je me suis rendu compte que pour la plupart des livres que j’ai eu à exploiter il n’y avait rien de consistant, juste quelques paragraphes avec un contenu général sur l’histoire de la Casamance et non sur la crise. C’est ainsi qu’à défaut de trouver ce que je recherchais ; j’ai eu l’idée d’aller m’inscrire en journalisme afin d’apprendre les techniques d’investigations afin d’avoir les outils de pouvoir moi-même entreprendre des recherches pour ma propre compréhension du conflit.

Après ma formation, j’ai aussitôt débuté mes activités de recherches. Ainsi grâce à un réseau qui s’est progressivement élargi au fur des années, j’ai pu obtenir le maximum d’informations sur le conflit. C’est donc le fruit de dix ans de travail de terrain que j’ai décidé de partager avec l’opinion à travers ce livre. Le second après celui que j’ai écrit sur l’abbé Diamacoune Senghor.

Je précise que j’ai fait un travail de petit journaliste d’investigations et non d’un historien ou encore d’un spécialiste de la crise, c’est juste un  travail que j’ai effectué par devoir en tant que fils de la Casamance et pour la postérité afin que les générations à venir puissent trouver un document qui leur informera sur ce qui s’était passé en Casamance parce que je trouve qu’ils ont le droit d’en être informé.

Pouvez-vous revenir sur les différents thèmes abordés dans votre livre ?

Première partie : Les origines de la rébellion

Deuxième partie : La naissance du maquis

Troisième partie : La lutte armée

Quatrième partie : Les divisions du maquis

Cinquième partie : Les exactions des belligérants sur les populations civiles

Sixième partie : Epilogue

C’est un document qui compte 308 pages avec des chapitres comportant chacun des sous titres aussi intéressants les uns, les autres. En gros c’est un ensemble de témoignages que j’ai fidèlement restitué après un méticuleux travail de recoupement qui a duré dix ans et qui m’a obligé à voyager jusqu’en Gambie, en Guinée Bissau, à l’intérieur des différentes régions du Sénégal etc.  Je suis allé à la rencontre des acteurs pour recueillir leurs témoignages.

Vous verrez que c’est un livre du même style d’écriture que celui sur l’abbé Diamacoune, c’est à dire que celui qui lit à l’impression d’être en train de directement discuter lui-même avec les acteurs interrogés. C’est un livre qui comporte des informations inédites qui contribueront à mieux faire connaître et comprendre ce conflit oublié car aucun aspect de la crise n’a été épargné.

Vous êtes à votre second livre en l’espace de deux ans et vous refuser qu’on vous qualifie de spécialiste du conflit ?

Je ne suis pas spécialiste du conflit, je ne prétends pas le devenir et j’ai précisé cela dans le livre au niveau de la partie introduction. Je ne suis qu’un tout petit, pauvre et très modeste journaliste qui tente de donner son point de vue sur le conflit afin de faire évoluer les débats. Je suis convaincu que c’est la seule manière d’aider les populations à avoir une idée de ce qui se passe réellement en Casamance et de pouvoir éventuellement donner leur opinion dans le cadre de la recherche de solutions durables à la crise.

Pourquoi malgré vos  deux livres et vos nombreux écrits sur la problématique de la crise vous refusez qu’on dise de vous que vous êtes un expert ? Serait-ce à cause de la pure modestie et à la légendaire humilité dont vous avez toujours fait montre ?

Il ne s’agit pas d’une question de modestie, d’humilité et je ne sais quoi d’autre encore. Je veux juste rester au stade où je suis. Je n’ai toujours pas franchi le cap du petit journaliste que je suis. Ma réponse à votre question se trouve dans le livre au niveau de l’avant-propos rédigé en 2006 par le professeur Assane Seck  dont  je cite un extrait :

« Le conflit casamançais est, en vérité, si complexe qu’il nécessite que tous documents et développements soient exploités, pour en saisir les données, essentielles.

Pour ma part, j’ai souvent eu à insister sur cette complexité. Les troubles baptisés communément de ‘rébellion casamançaise’ comportent en effet des aspects multiples, avec un ‘dedans’, un ‘dehors’, un ou plusieurs ‘à côté’, un ‘passé’, un ‘présent’ etc., si imbriqués les uns dans les autres que serait présomptueux celui qui prétendrait les maîtriser tous, pas même les acteurs directs, encore moins les observateurs extérieurs et autres communicateurs. Cette situation rend indispensable la prise en compte de beaucoup d’éléments si on veut donner des chances de succès à une quelconque action d’apaisement en vue d’un règlement définitif. (…) »

Et puisque je ne maîtrise pas tout, vous devriez accepter que je dise que je ne suis pas un spécialistes.

Votre dernier mot ?

 Je le tire encore une fois de mon livre au niveau de l’avant-propos d’Assane Seck :

« … J’en recommande donc la lecture attentive à tous les Sénégalais, et plus particulièrement aux Casamançais, je veux dire à tous ceux qui, par l’origine ou par une option volontaire, quelles que soient leurs ethnies, sont heureux et fiers de se sentir casamançais, comme ailleurs leurs compatriotes des autres provinces, dans un Sénégal réconcilié avec lui- même. »

Propos recueillis par Abdou Rahmane Diallo

 

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Commentaires (10)

  • samboune

    Cher freres, est ce que vous avez commencé a lire le livre de rene capain Basséne? il est tres interessant. il a comblé bcp de vides. je n’ai ps encore lu de document aussi explicite sur le conflit. faites tout pour le lire. des temoignages inédits et vrais.

    Merci rené capain.

  • Katakalousse

    J’ai commandé 8 exemplaires pour moi, mes amis et mes frères du maquis. RCB OLOLA !!!
    INVICTA FELIX

  • Zeus

    Salut Samboune,
    Canada a bien saisi mon intervention. Assane Seck a non seulement cree le MAC, il a en tant que historien contribuer au flou qui a suivi les annees 1960.
    Comme le definit Abbe Diamacoune, Assane Seck est un casamanquais.
    Vive la Casamance independante

  • CANADA

    Salut Samboune. De ce que je comprends du commentaire de Zeus, c’est moins la citation qui est mise en cause. C’est plutôt la personne de Assane Seck en question qui ne fait pas bonne figure dans un livre qui est sensé éclairer l’opinion public sur la question Casamançaise. Car ceux sont des responsables politiques casamançais comme lui, qui ont laissé un vide total sur ce problème monstrueux à têtes multiples. Et malgré la complexité du problème, la question fondamentale, à savoir si la Casamance fait partie intégrante du Sénégal, se résume par OUI ou par NON.
    En choisissant de mourir avec leurs secrets, des personnes comme lui, contribuent volontairement ou involontairement à renforcer le mutisme sur la question Casamançaise. Un mutisme qui du reste, réconforte la thèse Sénégalaise au détriment de la VÉRITÉ sur l’histoire de la Casamance, l’héritage primordial des Casamançais.
    Personnellement, j’ai déjà commandé le livre édité par l’Harmattan. Car, tout ce qui a trait à la question casamançaise, est désormais d’un intérêt capital.
    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=47442&razSqlClone=1

  • samboune

    je suis aussi pressé de connaitre le contenu de ce livre. Zeus si j’ai bien lu la page couverture du livre, il s’agit de plus de deux cent temoignages. les citations de Assane Seck sur cet article sont pourtant bien fondée a mon avis  » nul ne peut pretendre maitriser le conflit parce qu’il comporte plusieurs aspects… »

    Recommande la lecture du livre a tous les casamançais »…qu’est ce qu’il y a de negatif en cela. Attendons de lire ce livre avant de nous prononcer.

    pour ma part j’adresse mes felcitations a René capain Bassene pour son courage et tout le travail qu’il abat.
    le moment viendra ou nous allons donner nos avis sur ce livre….

  • Bapoulo

    Hallo Zeus,
    La réponse de Diamacoune à Assane Seck est éloquente. Ce qui suppose que votre papa vous a raconté une vraie histoire: Voir ce lien

    http://www.journaldupays.com/wp-content/uploads/2013/09/RéponseAB_AssaneSeck.pdf

  • Zeus

    Cher Capain, ce qui me gêne c’est les citations d’Assane Seck. Si je crois à ce que me raconte mon père qui était un des premiers partisans du Mouvement Autonome de la Casamance, MAC, Assane Seck et Louis Dakosta ont trahi la Casamance en rejoingnant Senghor alors que des gens sont morts pour eux notamment à Marsassoum. Mon papa raconte comment Assane et eux ont brûlé à Ziguinchor le drapeau sénégalais avant de séjourner en prison. Alors je demande le respect aux morts. Pour ma part ces citations d’Assane Seck seront en tout cas une tâche noire dans ton livre que je n’ai pas encore lu. Casamançaisement et patriotiquement.
    Vive la Casamance indépendante.

  • Bapoulo

    Je suis très pressé de lire ce second bouquin. Certainement j’apprendrai de plus sur mon pays la CASAMANCE.

  • cassolole

    Je vous voue un grand respect RCB, vous êtes le symbole et l’incarnation de l’intelligentsia CASAMANCAISE, je veux ce livre et je ne peux pas attendre dites moi comment l’acquérir dans le net

  • Wandialanka

    Merci RCB ! En attendant de te lire. Ma commande est déjà faite.

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